Au programme de ce quatuor catalan, deux œuvres d’intérêt : le quatuor à cordes en sol mineur de Claude Debussy, et « I fa l’aire visible », pièce contemporaine du compositeur Barcelonais Ramon Humet.
Incontestablement, le quatuor en sol mineur prend un sacré coup de jeune sous les archets des Catalans. L’interprétation est particulièrement dynamique et tendue.
C’est totalement limpide dans le second mouvement, marqué assez vif et bien rythmé.
On ne retrouve sans doute pas le même niveau de virtuosité ni la nervosité du Quatuor de Budapest (qui reste à mon avis la référence dans cette œuvre) mais c’est en tout cas très vivant, et ce malgré le tempo adopté plutôt lent.
Les Gerhard impulsent un climat très percutant, ce qui tend à maintenir notre attention intacte tout au long de ce quatuor de Debussy. La prise de son rapprochée n’y est sans doute pas pour rien.
Mais il n’y a néanmoins pas cette ambiance quasi fantastique du quatuor de Budapest qui rend cette interprétation si géniale.
La tension reste pourtant constante dans ce second mouvement alors que j’ai l’impression qu’elle a tendance à s’essouffler quelque peu chez les Talich et les Takacs, pour ne citer que deux autres points de référence.
L’Andantino est un peu insistant, avec une impression de manque de retenue, voire, que les musiciens jouent parfois à l’unisson. Chez les Talich, l’indication « doucement expressif » me semble mieux respectée. Idem pour le quatuor Budapest, plus subtil dans sa lecture.
Il y a sans doute un peu trop de pathos chez les Gerhard, ce qui nuit à la finesse et la magie qui se détache habituellement de ce troisième mouvement.
En revanche, le final des Gerhard est superbe, plein d’énergie, à l’instar des précédents mouvements, mais avec un sens de la progressivité et de l’engagement remarquable. Cela vient littéralement faire pencher la balance du bon côté avec un jeu très engagé et assez constant tout au long de ce quatuor.
Changement d’ambiance, ou grand écart avec Ramon Humet, et une musique qui demande à être jouée dans l’obscurité…
En effet, la composition s’inspire d’un phénomène naturel selon quoi, par une nuit de pleine lune, la lumière peut devenir très intense et illuminer l’espace, rendant l’air tangible, dense, visible comme s’il avait une vraie masse corporelle.
Ondes sonores et dissonance viennent matérialiser les flux de lumière et les corps célestes, voire évoquer le silence de cette nuit calme au sein d’une série de dix tableaux. Comme toujours pour ce type d’oeuvre contemporaine, il est difficile de se prononcer sur la qualité d’une interprétation et l’essentiel de nos pensées sera concentré sur l’oeuvre en elle-même.
Je dirais qu’elle s’avère tout aussi singulière que le thème dont elle s’inspire.
A réserver donc aux inconditionnels des œuvres essentiellement inclassables !
- Titre: Ad Astra / Debussy – Humet.
- Artistes : Quartet Gerhard.
- Format: PCM 24 bit / 96 kHz.
- Ingénieur du son: Santi Barguno.
- Editeur/Label: Klarthe.
- Année: 2023
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.