C’est à proprement parler le disque audiophile par excellence : une belle voix féminine bien captée avec un accompagnement minimaliste à la guitare.
Voilà, à peine j’écris, et je dois déjà m’excuser auprès de Jérôme Brajtman, dont le jeu et les arrangements sont particulièrement réussis, pour avoir employé ce qualificatif de minimaliste…
Ce côté très naturel de l’enregistrement fait que l’illusion d’avoir les interprètes présents chez soi est facilement reproductible.
La réverbération subtilement dosée permet de recréer cette ambiance live.
Autre point technique mis en avant par les artistes eux-mêmes : le choix du diapason en 432 Hz, en lieu et place du la en 440 Hz.
Le référentiel du la à 432 vibrations par seconde a été imposé à l’initiative de Giuseppe Verdi à la fin du XIXe siècle. Cette fréquence a ainsi fait l’objet d’un décret, aujourd’hui exposé au conservatoire Giuseppe Verdi de Milan. Il fut alors approuvé à l’unanimité par la commission des musiciens italiens.
Cette fréquence a constitué la première norme majoritairement reconnue avant d’être remplacé par les Allemands en 1939 par le la à 440 Hz, qui sera universellement normalisé en 1975, généralisant son utilisation dans tous les conservatoires de musique.
La volonté du Duo Mino / Brajtman d’enregistrer ce disque en la 432 Hz fait écho à un certain nombres de choix d’artistes, à l’instar de Jim Morrison, Janis Joplin, John Lennon ou Prince, qui considéraient cette fréquence plus harmonieuse, en quelque sorte une vibration parfaite, et plus proche de la nature.
En l’occurrence, ici il s’agit de se rapprocher le plus possible du bruit de l’eau et de faire « résonner cette musique plus intimement avec notre mélodie intérieure ».
Mais au delà des choix techniques de cet album du duo Mino / Brajtman, il y a bien un indéniable intérêt artistique.
Il réside selon moi dans l’association du monde de la musique classique à celui de la variété, comme si finalement le chant se voulait universel, le thème de l’eau n’étant finalement qu’un vecteur pour mieux fusionner encore ce « pot pourri »…
Je tiens d’ailleurs à saluer la performance d’accompagnateur de Jérôme Brajtman qui fait varier subtilement les différentes influences et couleurs données à ces standards de la musique populaire et classique, allant du jazz au flamenco, en passant par la bossa nova et le tango.
Le talent de la soprano Fleur Mino, tout aussi louable, réside dans cette capacité à passer très naturellement de Gabriel Fauré à Guy Béart avec un naturel confondant.
Bref, un joli moment musical, où simplicité rime avec authenticité et émotion, offert par un duo qu’on souhaite entendre à nouveau à l’occasion d’un futur enregistrement.
- Titre: Au bord de l’au, Mélodies et Chansons.
- Artistes : Fleur Mino (chant), Jérôme Brajtman (guitare).
- Format: PCM 24 bit / 96 kHz.
- Ingénieur du son: Luc Fourneau.
- Editeur/Label: Klarthe.
- Année: 2023
- Genre: Chants classiques et populaires.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.