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Beethoven Complete piano sonatas – Muriel Chemin

Cette pianiste à la carrière discrète est de toute évidence connectée à Beethoven.

Beethoven, c’est parfois, et pour certains, un sentiment d’absolue plénitude.

Je crois qu’il n’y a que Beethoven qui arrive à m’apaiser autant lorsque j’écoute sa musique, ses sonates, mais également ses symphonies et ses quatuors pour cordes, avec peut-être aussi Schubert, mais peut-être pas de façon aussi radicale. 

Et lorsque j’entends jouer Muriel Chemin, je comprends tout de suite que son rapport à Beethoven est proche du mien, ou plutôt du nôtre puisque c’est un club extrêmement populaire que celui des supporters de l’universalité de Ludwig Van Beethoven…

Il est donc fort probable que si les moyens techniques le consentent, on ait affaire à une intégrale des 32 sonates plus qu’intéressante…

Tout d’abord, il y a le son, le son de ce Steinway D de la collection Fabbrini, mis à disposition par la maison de disques Odradek, aux timbres particulièrement chaleureux. 

Et puis il y a la façon de le faire sonner, d’en extraire toute la quintessence pour une clarté et une intimité de bon aloi. 

Contrairement à des débuts plus clinquants qui remontent aujourd’hui à plus de vingt ans, où à cette époque Muriel Chemin abordait une intégrale des sonates de Beethoven sur un Fazioli plus démonstratif, intégrale qui ne fut d’ailleurs jamais achevée, le phrasé se veut aujourd’hui plus intérieur, peut-être tout simplement plus spirituel.

Ayant pourtant beaucoup apprécié pendant pas mal d’années certaines approches assez démonstratives, après tout, une de mes références personnelles reste l’intégrale de Stephen Kovacevich chez EMI, j’ai été néanmoins immédiatement conquis par le naturel du jeu de madame Chemin. Il y a quelque chose de direct, un flot qui coule de façon ininterrompue, paisiblement, sans retenue et sans emballement.

Cela m’aide sans doute à comprendre ou à illustrer que le but ultime n’est pas d’en donner encore plus, de trouver l’émotion non écrite ou non indiquée, mais simplement d’être dans le juste dosage, celui où tout s’illumine soudain pour arriver à une forme d’évidence.

Voilà pourquoi je n’ai pas envie de disséquer cette intégrale au risque de m’y perdre. Une intégrale devrait être jugée comme un ensemble, un périple avec 32 étapes dans le cas présent, et non pas comme une addition d’interprétations mises bout à bout. Si on devait s’en tenir à cela (comprenez le travail de dissection), c’est que de toute façon, l’intégrale ne vaudrait pas grand chose. 

Alors oui, c’est ici tout le contraire que délivre Muriel Chemin : elle vous emmène avec elle tout au long de ces 32 sonates et dix disques. Et lorsqu’on ne parvient plus à arrêter la musique, qu’on ne veut plus quitter son fauteuil ou canapé, c’est que l’envoûtement, la « thérapie beethovenienne » fonctionne pleinement. 

Alors il n’y a plus de Covid, de guerre en Ukraine, de crise financière, d’urgence climatique. Non, il n’y a plus que cette humanité prégnante, cette harmonie qui vous rassure, vous émeut en même temps, cette absence de théâtralité, d’émotion feinte. Il y a Beethoven et puis c’est tout, avec un Grand Frisson à l’arrivée !

  • Titre: Beethoven Complete piano sonatas – Muriel Chemin.
  • Artistes : Muriel Chemin (piano).
  • Format: 24 bit / 96 kHz.
  • Ingénieur du son: Marcello Malatesta.
  • Editeur/Label: Odradek.
  • Année: 2022
  • Genre: Classique.
  • Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.
Beethoven Complete piano sonatas – Muriel Chemin 2