C’est un enregistrement de 2012, ressorti chez Solo Musica dernièrement.
C’est sur un tempo assez lent, mais avec une autorité qui semble ne jamais lui faire défaut, que Jean-Nicolas Diatkine entame la Waldstein.
On est éloigné du tempo très rapide de Ronald Brautigam ou de Stephen Kovacevich. Diatkine prend deux minutes supplémentaires pour achever le premier mouvement Allegro con brio. Cela me déstabilise un peu car j’ai vraiment l’habitude d’un tempo plus rapide.
Il n’y a guère que Claudio Arrau dans ma discothèque pour la jouer aussi lentement.
Mais comme anticipé, l’intérêt du jeu de Diatkine réside dans les contrastes, les accentuations qui donnent un vrai relief à cette sonate. Et là, pas de discussion, cela fonctionne, et même plutôt bien !
En fait, Jean-Nicolas Diatkine réussit à restituer cette urgence qui caractérise pour moi l’essence de la musique de Beethoven, avec un jeu nerveux, droit, sans filtre, et quitte à sacrifier à la plénitude des timbres de son instrument. J’ai presque eu à certains moments la sensation que l’ami Mozart n’était pas très loin non plus…
Le Carnaval opus 9 de Schumann est également marqué par cette accentuation tonique du pianiste. En ce sens, l’interprétation de Diatkine dans le préambule est assez proche de la version orchestrale.
La dimension théâtrale de l’œuvre est renforcée par des ralentissements et des accélérations qui rendent la ponctuation entre les différentes scènes encore plus marquée (peut-être un peu de liberté prise par rapport à la partition dont je ne dispose pas), et en même temps confère à l’ensemble une forme de continuité, qu’on ne retrouve clairement pas dans de nombreuses interprétations.
Il y a par exemple dans celle d’Eusebius une forme d’implication et de tendresse qui vous touche, un peu à l’instar de l’enregistrement de Daniel Barenboim de 1979 pour Polydor.
Le style de Barenboim est plus fluide, il n’y a pas non plus chez Diatkine cette rapidité et agilité dans le Paganini, mais il y a ce même sentiment de continuité ou d’homogénéité tout au long du Carnaval de Robert Schumann.
C’est donc un agréable moment que l’on passe avec ce doublé Beethoven / Schumann. Une nouvelle interprétation pleine d’intégrité de la part de Jean-Nicolas Diatkine.
- Titre: Beethoven Sonata n° 21, op 53 Waldstein – Schumann Carnaval, op. 9
- Artiste: Jean+Nicolas Diatkine.
- Format: PCM 16 bit, 44,1 kHz
- Ingénieur du son: Etienne Collard.
- Editeur/Label: Solo Musica.
- Année: 2021
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): format CD uniquement.