A l’écoute d’une voix si pure et cristalline servant de belles mélodies, dont la simplicité le dispute aux paroles, mais si poétiques finalement, je deviens comme un amoureux transi.
La chanson « Au couteau » me tire finalement de ma léthargie de cœur d’artichaut (ou de cœur d’oignon), faudrait pas non plus en arriver à de telles extrémités…
Je ne vous déclamerai donc pas ma flamme, madame Louledjian, l’incendie sera ainsi évité, en tout bien tout honneur.
Il n’empêche que lorsque j’entends la voix lumineuse de Melody Louledjian, je pense immédiatement à une Karen Young dont les capacités vocales auraient pris de l’ampleur, surtout sur les passages plus jazz et moins lyriques.
L’accompagnement à la guitare de Cyril Achard est sobre mais s’avère terriblement efficace.
Car il y a dans cet album un beau patchwork d’influences musicales, de la chanson française, à l’opéra en passant par le jazz manouche, bossa nova, et la musique contemporaine. Le second titre de cet album, « Les oiseaux », fait immanquablement penser à Olivier Messiaen mais également à une Youn Sun Nah accompagnée du talentueux Ulf Wakenius (il y a d’ailleurs certaines similitudes dans la façon d’accompagner la chanteuse chez les deux guitaristes).
Je me rappelle avoir, lors d’une discussion post concert avec la chanteuse coréenne, évoqué la possibilité de s’essayer à des répertoires plus lyriques et opératiques. Pourquoi pas une Madame Butterfly jazzy ?
Et bien la soprano Melody Louledjian en a également tout le potentiel, voire avec une zone de confort encore plus large et intéressante par rapport à la mezzo coréenne.
Pour en revenir à la chanson française, ce genre musical n’est pourtant pas ma tasse de thé, encore que cela tienne fondamentalement à l’éloquence du chanteur ou de la chanteuse. Melody Louledjian maîtrise de toute évidence cet art en y ajoutant très subtilement une pincée de poésie et d’humour.
Plus encore, je pense qu’il y a matière pour ce duo d’explorer d’autres rivages, ceux un peu plus éloignés des Fauré et Poulenc, peut-être le grand répertoire de la variété française, celui de la pop, et celui du jazz. L’étendue du possible semble donc ne pas avoir de limites, surtout pour une chanteuse aussi versatile…
Une mention spéciale aux textes de Fabrice Hadjadj, qui alternent ici les humeurs des plus légères aux plus dramatiques avec beaucoup de classe et de poésie.
Bref, j’ai adoré.
- Titre: Chants de l’Aube et du Soir.
- Artistes: Cyril Achard (guitare), Melody Louledjian (chant).
- Format: PCM 24 bit, 48 kHz
- Ingénieur du son: Christophe Dal Sasso.
- Editeur/Label: Klarthe.
- Année: 2020
- Genre: Classique
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.