Le pianiste et compositeur Johan Farjot nous convie à un programme de pièces courtes, de un à huit instruments (dont « New York City », qui réunit un double quatuor de saxophones).
C’est indéniable, cet homme a son propre style, pétri bien sûr de nombreuses influences, jazz, minimalistes, systématiques, symboliques, liturgiques, répétitives…
Cet album est presque un florilège de la musique savante contemporaine. Parfois on frôle l’overdose, l’excès musical, comme dans Molly’s song, où l’intensité atteint un paroxysme qu’on aurait souhaité peut-être un peu moins prenant. Cette frénésie polyrythmique finit par s’estomper pour laisser place à un final bien plus apaisé.
Les contrastes ne s’arrêtent pourtant pas puisque Molly’s song laisse place à un vibrant chant liturgique (Pater Noster) à quatre voix.
Ces pièces courtes sont une évocation de l’enfance. En même temps, c’est parfois avec une certaine gravité que ce monde de la jeunesse est présenté. On ressent également la frénésie de l’adolescence. Fallait-il vouloir tout dire en si peu de mesures ? C’est en fait la question qui m’est venue immédiatement à l’esprit.
J’avoue voir adoré le travail d’écriture de Johan Farjot. Et en même temps je pense que beaucoup des excellentes compositions figurant sur cet enregistrement auraient pu être rallongées, histoire d’ajouter la respiration nécessaire pour mettre en valeur la beauté du travail d’écriture. Il y a une tension manifeste, une volonté de rester sur la corde raide. Il manque en fait pout moi les silences. C’en devient presque frustrant car on aimerait pouvoir prendre le temps d’apprécier ce que le pianiste-compositeur veut nous raconter, d’autant plus que son propos ne manque pas d’intérêt.
Les 3 haïkus m’ont également semblé manquer de sobriété, et d’équilibre. Pourtant, c’est l’essence même de cette forme de poésie japonaise, celle de l’expression la plus minimaliste, celle du raccourci.
Seules les deux compositions renvoyant au titre de ce disque (Childhood 1 et Childhood 2) ne m’ont en fait pas laissé cette sensation d’empressement. Le silence fait partie de la musique. J’espère de tout cœur qu’il s’invitera de façon plus évidente sur un prochain album de Johan Farjot.
- Titre : Childhood.
- Artistes : Johan Farjot (compositeur et pianiste)
- Format : PCM 16 bit, 44,1 kHz
- Ingénieurs du son : Roman Zaborski.
- Editeur/Label : Klarthe.
- Année : 2020
- Genre : Contemporain.
- Intérêt du format HD : format CD uniquement.