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Debussy / Choveaux : – #Préludes Poétiques, Acte 1

C’est un pianiste pour qui l’élégance compte assurément. C’est donc un Debussy éminemment français que met à l’honneur dans cet Acte 1 Cyril Guillotin. 

Les Préludes trustent la majeure partie du programme, tout en laissant un espace à une compositrice contemporaine moins illustre, mais visiblement inspirée par Claude Debussy, le temps de quatre ultimes Préludes signés Françoise Choveaux. 

Mais au delà des Préludes, c’est l’affirmation de la dimension éminemment poétique de la musique de Claude Debussy dont il est question ici.

On associe plus souvent Debussy aux toiles et paysages impressionnistes. C’est une vision assez consensuelle car rien que les noms des 12 préludes vous renvoient déjà des images de cartes postales… Mais la variété de la palette sonore de Cyril Guillotin fait écho ici aux textes, et à la poésie plus particulièrement.

Bienvenue dans le monde des Préludes Poétiques 2.0 ! 

Une version 2.0 ou la musique se dédouble et devient le miroir de la poésie, le temps d’un double CD !

C’est la direction qu’a voulu prendre le pianiste français, celle d’une plus grande liberté, celle de sortir d’un cadre si prestigieux puisse-t-il être… la poésie conservera toujours en effet une puissance évocatrice et imaginative inégalée.

C’est donc grâce à une sélection de poèmes minutieusement agencés et récités par l’acteur François Marthouret, que Cyril Guillotin nous transporte dans un univers qu’il qualifie lui-même d’ « Art Total », à l’instar du concept wagnérien. 

La première série purement instrumentale des douze Préludes met en scène un pianiste au touché puissant, et au phrasé solide. L’homme fait corps avec l’instrument et l’implication de l’artiste est totale. La saveur et la rigueur des timbres du Steinway modèle D permettent d’esquisser ces premières toiles avec conviction mais aussi avec une grande délicatesse.

Ce sont les quatre Préludes (n° 5, 8, 10 et 11) de Françoise Choveaux qui servent d’interlude. Un interlude de grande classe, teinté de sonorités un peu plus modernes, mais tout aussi évocatrices.

Enfin, la poésie tant attendue fait son apparition.

Si elle ne fusionne pas immédiatement avec la musique, les « Soleils couchants » de Victor Hugo étant récités à la fin de l’interprétation au piano des Danseuses de Delphes, elle se mêle dès le second prélude aux notes de l’instrument.

J’ai néanmoins trouvé la voix de François Marthouret un peu terne, moins flamboyante en tout cas que le clavier de Cyril Guillotin. Peut être la captation aurait mérité d’être plus proche, avec une déclamation plus ouverte, plus éloquente, sans pour autant être extravertie. C’est dommage, car cela ne met à mon avis pas assez en valeur le texte, sauf peut-être à jouer sur les contrastes dynamiques entre une voix très posée, mate et un piano plus étincelant…

J’ai en revanche eu l’impression que le pianiste ressortait comme galvanisé de cet échange.

Et puis, la tension monte d’un cran après le final endiablé du 7ème Prélude.

L’acteur aborde enfin une posture plus volontaire dans la diction de « Sensation » d’Arthur Rimbaud. La magie qu’on devinait dans le sixième Préludes (Des pas dans la neige) arrive enfin sans fard, mais peut-être un peu tard…

Un disque qui vaut donc davantage pour les qualités d’interprétation de Cyril Guillotin que pour l’éloquence du récitant. Cela reste certainement un bel exercice de style mettant en valeur des textes d’une grande beauté, issus des grands classiques de la poésie, et portant un nouvel éclairage sur les Préludes de Claude Debussy.

  • Titre: Debussy / Choveaux : – #Préludes Poétiques, Acte 1.
  • Artistes : Cyril Guillotin (piano), François Marthouret (récitant).
  • Format: PCM 24 bit, 88,2 kHz
  • Ingénieur du son: Frédéric Briant.
  • Editeur/Label: Calliope
  • Année: 2021
  • Genre: Classique.
  • Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Discutable.