Un énième opus dédié à la complicité du couple Schumann. C’est la pianiste espagnole Judith Jauregui qui cette fois-ci s’y emploie avec le Concerto en la mineur, suivi des Quasi Variazioni, puis des variations sur un thème de Robert Schumann opus 20 de Clara, pour finir par l’Arabesque du même Robert.
Cet album DSD paru chez ARS Produktion fait presque figure de support publicitaire pour Bösendorfer tant la prise de son du piano est superbement réalisée.
Sur le concerto, l’orchestre du Catalan Tomas Grau est même légèrement éclipsé avec un piano un peu proéminent sans que cela vienne totalement perturber la cohérence globale.
Si la qualité technique est bien là, l’interprétation est elle aussi remarquable avec un phrasé élégant et sensible (autant d’ailleurs que l’accompagnement de l’orchestre). On aurait pu attendre du concerto des contrastes entre Florestan et Eusebius plus appuyés. J’aurais néanmoins tendance à penser que cela résulte plus d’un phrasé particulièrement fluide, desservant peut-être parfois les passages extravertis, que d’un manque d’expressivité. Car, indéniablement, le jeu de l’Espagnole n’en manque pas. Et il faut bien reconnaître qu’il y a dans cette performance une grande homogénéité du jeu de la soliste et de celui de l’Orquestra Simfònica Camera Musicae, et cela contribue en ce qui me concerne à faire d’un concerto une réussite ou un échec.
Le mouvement Quasi Variazioni, extrait de la fameuse Sonate 14 (autrement baptisée «Concerto sans orchestre»), est superbement interprété. C’est là qu’on reconnaît l’ambassadrice du facteur de piano autrichien, passé sous pavillon nippon depuis quelques années. Les sonorités qui sortent du piano de concert de Judith Jauregui sont de toute beauté : c’est un festival de polyphonie et de fluidité.
Même impression sur l’opus 20 des Variations sur un thème de Robert Schumann : s’il y a de la retenue, presque de la pudeur, dans le jeu de l’Espagnole, il ne manque certainement pas d’émotion, ni de timbres chatoyants. C’est dans la finesse, celle qu’on suppose avoir été le ciment de l’union des époux Schumann, que se révèle tout le talent de Judith Jauregui.
La sobriété et l’élégance au service d’un répertoire éminemment romantique, Clara et Robert sont célébrés ici avec une intelligence rare du contraste et de la nuance. L’Arabesque qui clôt cet album en est une parfaite illustration. Un gros coup de cœur, pour un SACD à la qualité technique irréprochable.
- Titre: Die Romantische Seele
- Artistes: Judith Jauregui (piano).
- Format: SACD audio – DSD 64 stéréo / multicanal.
- Ingénieur du son : Martin Rust.
- Editeur/Label: ARS Produktion
- Année: 2020
- Genre: Classique
- Intérêt du format HD : Exceptionnel.