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El Canto del Cisne Negro

C’est un enregistrement très vivant ainsi qu’une belle prise de son.

Même au simple format red book chez Ars, on apprécie le travail de production extrêmement soigné, et le niveau de résolution qui en découle.

Les deux interprètes témoignent d’emblée d’une grande complicité. Le plaisir de jouer ensemble transparaît, et cela confère à ce disque un entrain tout particulier.

Le recueil choisi de compositions pour piano et violoncelle fleure bon l’Amérique Latine, et sort des sentiers battus.

On ressent également toute la nostalgie des compositeurs sud-américains qui ont succombé dans leurs pérégrinations au charme du vieux continent.

Le vibrato de Nicole Peña Comas est très judicieusement dosé, et le phrasé d’Hugo Llanos Campos très souple, ce qui apporte à ces interprétations beaucoup de classe et d’élégance.

C’est Heitor Villa-Lobos qui ouvre le bal avec des extraits puisés de son poème symphonique Naufrágio de Kleônicos.

J’avais déjà beaucoup apprécié l’interprétation au violoncelle d’Antonio Lysi accompagné à la harpe du «O canto do cisne negro ». Mais j’ai tout autant adoré cette version violoncelle – piano, avec une Nicole Peña Comas plus chantante et romantique.

Suit la sonate opus 26 de Constantino Gaito, plutôt longue dépassant les 16 minutes. C’est une très belle composition, que je n’avais jamais écoutée auparavant.

J’ai été séduit par ce glissement progressif de la culture européenne à celle d’Amérique latine, très fortement présente dans son dernier mouvement où le tango argentin semble vouloir percer à intervalles réguliers. Et en même temps, on y décèle à certains passages des influences romantiques issues de la vieille Europe.

C’est d’ailleurs le tango qu’on retrouve avec « Otoño en Buenos Aires », pièce pour violoncelle seul du compositeur mexicain José Elizondo. C’est le morceau de bravoure ou plus exactement le jardin secret de la violoncelliste dominicaine, captée avec un peu trop de réverbération, mais c’est tellement beau qu’on cède avec enchantement à cet archet à la sensualité gorgée du soleil des caraïbes. 

La suite pour piano et violoncelle de Joaquin Nin nous renvoie vers l’Espagne. C’est un patchwork d’influences européennes, passant du répertoire classique au flamenco.

La sonorité riche, presque opulente de l’instrument de Nicole Peña Comas passe des instants lyriques les plus émouvants aux passages flamenco les plus endiablés. Olé !

Enfin la sonate de Manuel Maria Ponce vient clore de superbe façon ce florilège de compositions sud-américaines. Cette sonate est en effet la plus belle pièce de cet album, et peut-être la plus fusionnelle, entre culture européenne et américaine.

« L’allegro selvaggio » nous transporte dans un véritable torrent romantique, où les chants du violoncelle et du piano s’entremêlent, virevoltent incessamment.

« L’allegro alla maniera d’uno studio » suivant est un véritable feu d’artifice où on voit apparaître quelques influences hispaniques, tandis que « l’Arietta, andantino affettuoso » nous rapproche de l’Hexagone, avec un pianiste nous dévoilant toute l’étendue de sa sensibilité.

Enfin, le délicatissime « Allegro burlesco » déborde de tendresse et de passion. Un bien généreux final.

En conclusion, ce disque réunit un grand faisceau de qualités : un choix de compositions originales, une interprétation magistrale, et une prise de son à l’avenant.

Un superbe duo, très bien capté : frisson garanti !

  • Titre: El canto del cisne negro.
  • Artiste: Nicole Peña Comas (violoncelle), Hugo Llanos Campos (piano).
  • Format: PCM 16 bit, 44,1 kHz
  • Ingénieur du son : Arpad Hadnagy.
  • Editeur/Label: Ars.
  • Année: 2020
  • Genre: Classique
  • Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Format CD uniquement.
El Canto del Cisne Negro 2