Margarita Höhenrieder est une pianiste sans doute plus populaire en Allemagne qu’en France, en dépit d’un parcours très respectable (elle a travaillé avec Leon Fleisher et Alfred Brendel, et a remporté le concours Busoni à l’âge de 25 ans).
Son centre de gravité reste particulièrement centré outre Rhin, où elle a multiplié les collaborations avec l’Orchestre symphonique de la Bayerischen Rundfunks, la Philharmonie de Munich, la Staatskapelle de Dresde, l’Orchestre de la Gewandhaus, l’Ochestre du Mozarteum de Salzburg, ou bien encore l’Orchestre de chambre Gustav Mahler. Elle enseigne par ailleurs à la Haute Ecole de Musique de Munich.
Ce nouvel opus consacré à Frédéric Chopin, et de ses concertos 1 et 2 pour piano, joués avec l’orchestre Scintilla dirigé par Riccardo Minasi pour le premier, etl’orchestre de l’Académie de Vienne pour le second, sous la direction de Martin Haselböck, nous plonge dans cette sonorité authentique d’un piano Pleyel d’époque, sur lequel aurait presque pu jouer le compositeur.
L’Orchestra la Scintilla joue également sur instruments anciens, à l’instar de l’Orchestre de l’Académie de Vienne, ce qui permet d’accéder à une cohérence globale admirable, sans aller non plus vers une forme de vérité historique dont on ne saurait pas vraiment dessiner les contours.
Margarita Höhenrieder excelle en effet dans l’art de distiller une sonorité dense et romantique, et sans verser pour autant dans des excès de sensiblerie. La tonalité du pianoforte accordée à celle de l’orchestre renforce cette impression de grande cohésion.
Le phrasé de la pianiste allemande est tout autant engagé que subtil. Il est à la fois juste et enivrant. Ce son est addictif, et cette capacité de l’instrument à retranscrire les plus subtiles intentions est pour le moins inhabituelle.
Cela place la performance du premier concerto assez haut dans la hiérarchie des enregistrements de l’œuvre dont je suis familier, bien plus émouvant et nuancé que le jeu d’Argerich sur sa version LSO / Abbado, ou de celui de Zimmerman sur l’enregistrement DG du Los Angeles Philharmonic dirigé par Giulini, plus délicat et sensible que la version du Maestro Rubinstein avec le New Symphony Orchestra of London…
L’orchestre s’insère ici de façon très naturelle, en laissant la part belle à la soliste et en développant un message très dense et nuancé, avec des accents particulièrement bien soutenus.
En termes d’équilibre, il est difficile de trouver mieux que cet enregistrement paru chez Solo Musica. En effet, bon nombre de versions force un peu l’orchestration comme s’il était nécessaire de compenser cette relative légèreté de la partition de l’orchestre, voire d’entraver la liberté de jeu du soliste.
Le second concerto est tout aussi plaisant. Le son de ce piano est vraiment fabuleux et le phrasé de Margarita Höhenrieder regorge de subtiles nuances. On apprécie toujours cette parfaite harmonie entre l’orchestre et la soliste. J’ai d’ailleurs peut-être une légère préférence pour cet orchestre viennois. Mais les deux prestations restent à mes oreilles excellentes.
Dans le second mouvement (larghetto), la pianiste fait preuve d’une sensibilité rare. Le jeu de Margarita Höhenrieder est d’une délicatesse inouïe, et pour autant, on n’a jamais l’impression d’écouter une musique surjouée ou chargée de pathos.
L’Allegro vivace final est tout aussi surprenant tant la dynamique et la fluidité du piano semblent sans limite.
C’est assurément un des meilleurs disques regroupant les deux premiers concertos de Frédéric Chopin. Une référence qu’il est urgent de découvrir ou de réécouter ! J’y retourne pour ma part immédiatement.
Un très très Grand Frisson !
- Titre: Frédéric Chopin Piano Concertos.
- Artistes : Margarita Höhenrieder (piano), Orchestra La Scintilla, Orchester Wiener Akademie.
- Format: PCM 24 bit / 192 kHz.
- Ingénieur du son: Leonardo Aloi.
- Editeur/Label: Solo Musica.
- Année: 2023
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.
