Cette nouvelle version du quatrième opéra de Richard Strauss met l’accent sur la fidélité au texte original, c’est-à-dire sans les coupures traditionnelles.
C’est une distribution totalement germanique, emmenée par le jeune chef, mais déjà pleinement confirmé, Julien Salemkour. En effet, il a reçu en 2011 le titre de Staatskapellmeister (directeur musical) au Staatsoper de Berlin, une distinction accordée auparavant seulement à Herbert von Karajan et Sebastian Weigle.
Julien Salemkour a dirigé notamment Turandot au Metropolitan Opera New York, Le Lac des cygnes à la Scala de Milan, Die Zauberflöte, Il Barbiere di Siviglia, Rigoletto au Semper Oper de Dresde, et Salomé avec la Philharmonie d’Israël. Il a dirigé plus de deux cents opéras au Staatsoper de Berlin depuis 2003.
On découvre ou redécouvre également l’excellente Barbara Krieger dans le rôle-titre, une artiste récemment célébrée dans les rôles d’Elektra, de Fidelio-Leonore et d’Isolde. D’autres interprètes de renom de Strauss viennent enrichir cette prestigieuse distribution, à l’instar d’Astrid Weber, Sanja Anastasia et Jochen Kupfer. À souligner également Le ténor Sotiris Charalampous qui fait des débuts remarqués dans le rôle d’Aegisth.
L’enregistrement se caractérise par une fidélité sans compromis à l’oeuvre, qui permet de vivre pleinement , voire intégralement, le chef-d’oeuvre de Richard Strauss.
Tous les passages qui sont habituellement annulés, et essentiels pour comprendre l’oeuvre et sa puissance, ont été ici enregistrés.
Mais c’est surtout l’excellente balance entre voix et orchestre qui contribue pleinement au plaisir d’écoute.
C’est d’autant plus remarquable que cet enregistrement initié en pleine pandémie Covid 19 a été enregistré séparément entre orchestre et chanteurs.
Ainsi, l’orchestre devait d’abord être enregistré, et les solistes ont chanté ensuite leurs parties sur l’enregistrement orchestral existant. Cela a permis à un certain nombre d’artistes internationaux d’être réunis en dépit des conditions de confinement imposées par la pandémie mondiale.
Et pourtant, l’illusion du spectacle vivant fonctionne totalement sur cet enregistrement, preuve que la qualité technique est irréprochable.
Le chef d’orchestre et l’équipe de production offrent ainsi aux chanteurs un espace de chant et de respiration particulièrement appréciable.
Et puis, le jeu des contrastes, entre obscurité et clarté, permettent à cette version de conserver toute l’intelligibilité du texte alors que l’atmosphère, dans laquelle on se trouve immergé, est complètement sombre et inquiétante.
C’est d’ailleurs ce que souhaitait Richard Strauss, qui aurait toujours bataillé contre une trop forte omniprésence de l’orchestre dans cette œuvre dont l’instrumentation est sans doute la plus fournie de ce qu’il a jamais composé.
Et bien, force est de constater que le résultat est à la hauteur de la complexité de cet opéra en un acte.
Barbara Krieger est par ailleurs une Elektra forte, éloquente, parfois grandiose, faisant preuve preuve d’une énergie et d’une verve impressionnante. Ses partenaires au chant sont tout aussi convaincants et l’orchestration est également à la hauteur de cette distribution.
Ne boudons-donc pas notre plaisir. C’est une excellente version, à écouter d’urgence pour tous les amateurs d’opéra, car elle tiendra sa place dignement au sein d’une discothèque straussienne !
- Titre : Gesamtaufnahme – ELEKTRA Op.58.
- Artistes : Barbara Krieger, Sanja Anastasia, Astrid Weber, Jochen Kupfer, Sotiris Charalampous, Orchestre Experience, Julien Salemkour (direction).
- Format: PCM 24 bit, 96 kHz.
- Ingénieur du son: Moritz Bergfeld.
- Editeur/Label: Solo Musica.
- Année: 2025.
- Genre: Opéra.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.
