C’est un véritable travail d’archéologue que de se lancer sur les traces de Giuseppe Torelli, artiste qui dissémina en Europe l’empreinte musicale de son passage dans différents pays.
À l’exception de la 1ere sonate en mi mineur, l’ensemble des œuvres pour violon et basse continue figurant sur cet album sont enregistrées ici en première mondiale.
Tout d’abord, félicitons le preneur de son qui nous offre une réelle qualité technique, permettant d’apprécier pleinement ces œuvres et d’en distinguer très nettement la diversité et les évolutions stylistiques dans le travail de composition de Giuseppe Torelli.
L’image stéréo est large et profonde, le bruit des micros étant en revanche un peu trop présent sur les phases de silences. Cette grande résolution permet néanmoins d’obtenir une basse continue très lisible et modulée.
Force est de constater que les manuscrits des œuvres chambristes de Torelli offrent plus d’originalité que ses œuvres éditées sous forme d’opus. Le style m’est apparu ainsi plus libre, moins systématique.
Ces sonates pour violon et basse continue sont en effet réellement distrayantes, en ce sens qu’on ne s’ennuie à aucun moment à leur écoute. Cette chose; assez rare dans l’univers de la musique baroque; est rendue possible par l’originalité de l’écriture mais aussi par la captation parfaite des différents instruments, sans effet de masque ni aplat sonore caricatural, et avec une juste dose de réverbération.
La sonate en la majeur pour violon et basse continue m’émerveille par son harmonie et par la façon dont chaque instrument joue crescendo et decrescendo en totale synchronisation.
Celle en sol mineur charme par son côté méditatif, et ses airs quasi médiévaux. La musique se veut sautillante, espiègle et puis rêveuse, attendrie dans l’Adagio, puis de nouveau virevoltante dans la gigue finale.
J’ai beaucoup apprécié également le jeu de la violoniste Sue-Ying Koang qui s’avère d’une grande pureté, presque imperturbable. La musicienne délivre une sonorité très lumineuse, parfaitement articulée et éloquente. On ressent cette forte expérience du baroque, et notamment les bénéfices de ses collaborations avec des formations aussi prestigieuses que celles de La Fenice ou des Arts Florissants.
La symphonie chambriste pour violon et violoncelle en ré mineur est sans doute un peu plus convenue dans son premier mouvement cantabile, mais elle se transforme en un somptueux feu d’artifice dès l’Allegro pour aborder par la suite un plantureux Largo, débouchant sur une gigue défendue par une violoniste particulièrement inspirée.
Ce quatuor fonctionne ainsi à merveille et, franchement, on en redemande. Pour moi, c’est une très jolie découverte et un Grand Frisson sans aucune hésitation !
- Titre: Giuseppe Torelli – Travelling with a violin.
- Artistes : Sue-Ying Koang (violon), Vincent Bernhardt (clavecin / orgue), Diana Vinagre (violoncelle), Parsival Castro (théorbe / guitare).
- Format: PCM 24 bit / 192 kHz.
- Ingénieur du son: Jean-Daniel Noir.
- Editeur/Label: IndéSENS.
- Année: 2023
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.