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Harp meets piano

Il convient avant tout de saluer cette initiative, celle d’une programmation originale, allant du très contemporain Régis Chesneau avec trois de ses compositions (Contemplations, Tableaux, et Impreso) à Astor Piazzolla (Histoire du tango II.Cafe, 1930 – III. Night-Club, 1960) en passant par Rachmaninov (Suite pour 2 pianos No. 1), Reinecke (Concerto pour harpe), et Albeniz (Pavana-Capricho, Op. 12).

Plus qu’original d’ailleurs, devrait-on dire ambitieux travail d’arrangements !

Cela n’a pas fait peur à l’ex-soliste de la Scala de Milan, la harpiste Isabelle Courret, ni au pianiste grec Cyprien Katsaris.

Ce disque commence avec deux extraits de la Suite n° 1 pour deux pianos Op. 5 de Sergei Rachmaninoff, dédiée à Tchaïkovski. Outre la beauté mélancolique de cette œuvres de jeunesse, on est tout de suite frappé par la qualité de l’alternance des deux parties de piano et de l’exploitation des possibilités offertes par la harpe. Il faut de toute évidence un système audio capable de restituer toute la dynamique fine et la variété de timbre des deux instruments, au risque de passer à côté de cette superbe prise de son.

Suit le Concerto pour harpe Op. 182 de Carl Reinecke (1824-1910), un des concertos fondateurs du répertoire de l’instrument. L’exercice est cette fois-ci inversé puisque c’est la partie d’orchestre est jouée dans un arrangement pour piano seul.

L’émotion monte d’un cran avec les deux extraits de l’histoire du tango d’Astor Piazzolla.

Café 1930 est sans doute ici une des plus belles et touchantes des nombreuses versions que j’ai pu entendre à ce jour. Night Club 1960 ne recèle pas le même potentiel émotionnel mais l’association des deux instruments fonctionne vraiment bien. C’est un subtil et charmant moment de poésie, plus évocateur à mes oreilles que le couple initial flûte – guitare. L’arrangement est en effet très subtil puisque qu’il mixe deux transcriptions, une pour flûte et harpe, l’autre pour piano à quatre mains.

Le répertoire contemporain de Regis Chesneau définit une forme de rupture avec les précédentes œuvres. Ce sont des œuvres de 2015 composées spécialement pour les deux interprètes de ce récital, et qui peuvent à certains moments désorienter quelque peu l’auditeur. Les atmosphères changeantes font passer de l’ombre à la lumière, et l’influence de Philip Glass se fait sentir.

La conclusion de la pièce d’Albeniz finit par nous faire perdre complètement le fil, bien qu’on retrouve la poésie si fortement présente dans la Suite pour deux pianos et l’Histoire du tango. En même temps, le choix m’a semblé judicieux, sorte de gracieuse révérence pour prendre congé du public.

Harp meets piano est un disque qui ne laissera pas indifférent. Il est servi par deux grands artistes qui prennent des risques, et s’engagent pleinement dans l’exploration du potentiel d’un duo instrumental peu enregistré. En ce qui me concerne, il remporte mon suffrage sans aucune réserve.

  • Titre: Harp meets piano.
  • Artistes : Isabelle Courret (harpe), Cyprien Katsaris (piano).
  • Format: PCM 24 bit, 44,1 kHz 
  • Ingénieur du son : Nikolaos Samaltanos.
  • Editeur/Label: Piano 21.
  • Année: 2020
  • Genre: Classique.
  • Intérêt du format HD : Discutable.

Harp meets piano 2