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Images Ephémères

Images éphémères, c’est la contraction ou le mariage de deux œuvres, celle de Claude Debussy (Images) et celle de Philippe Hersant (Éphémères).

C’est aussi la manifestation de l’intérêt de la pianiste du Trio Athena et du Liberquartet pour l’anticonformisme et la création contemporaine.

C’est dans une tonalité plutôt impressionniste, servie il est vrai par l’acoustique réverbérante du prieuré de Chirens, et par le piano Blüthner, que Sandra Chamoux aborde les Éphémères de Philippe Hersant. 

L’ambiance est davantage poétique, moins saillante que celle de l’enregistrement live d’Alice Ader de 2014 pour Triton.

Ces 24 pièces courtes ont été composées sur un intervalle de quelques années en s’inspirant d’une série d’haïkus du poète japonais Matsuo Bashô.

Le résultat est toujours extrêmement convaincant, peut-être finalement plus simple à reproduire en musique qu’en littérature. Sandra Chamoux est de toute évidence au rendez-vous et ces miniatures arrivent à faire à chaque fois d’une chose microscopique un univers et un tout.

Le jeu du pédalier est plus développé que chez Alice Ader, et l’enchaînement de la 24eme pièce « La Lande » avec le premier cahier d’images de Debussy semble totalement naturel. La pianiste arrive à recréer ce chant lointain, la profondeur de l’instant, si importante dans la musique de Debussy. Le parallèle est évident.

Sandra Chamoux rallonge ostensiblement la durée de la 4ème pièce « Dans l’air du soir » en distillant de façon subtile cette évocation du parfum des fleurs en écho dans l’air du soir. C’est magnifique.

Schéma identique pour « Oiseau des silences », pourtant une pièce déjà lente parmi cette série. L’interprète allonge le temps, jusqu’à magnifier les silences et les contrastes. J’en ressors bouleversé.

Que dire alors des « Images » ?

J’ai pleuré à l’écoute de l’hommage à Rameau. Ce n’est pourtant pas mon genre.

Cette seconde partie du premier cahier fait naître en fait un sentiment de grâce quasi mystique. L’interprétation de Chamoux ne souffre aucune critique. Tout est subtilement dosé, en place. Cela dénote vraiment d’une incroyable affinité avec le compositeur. La pianiste choisit encore un tempo particulièrement lent, mais je reste suspendu à la mélodie, plus qu’avec Bavouzet, éminent spécialiste du répertoire que j’adore. Il y a cette fluidité dans le jeu de la pianiste grenobloise dans Debussy qui me touche tant chez Nelson Goerner, à la seule différence que les contrastes dynamiques sont plus marqués chez la Française.

Clairement, la prise de son et l’ambiance rajoutent à l’émotion sur cet enregistrement Calliope. 

« Cloches à travers les feuilles » nous renvoie aux sonorités asiatiques et, dans une certaine mesure, aux haïkus de Philippe Hersant. Le phrasé de Sandra Chamoux est presque arachnéen, hypnotique, magique !

La suite du second cahier est dans la même veine, les images mentales, les paysages nocturnes naissent comme par enchantement.

Après la chair de poule, les sanglots, l’hypnose, quoi de plus logique que de terminer sur un grand frisson ?

Bravo !

  • Titre: Images Ephémères
  • Artistes: Sandra Chamoux (piano).
  • Format: PCM 16 bit, 44,1 kHz
  • Ingénieur du son: Clément Durand.
  • Editeur/Label: Calliope.
  • Année: 2021
  • Genre: Classique
  • Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): format CD uniquement.
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