À l’époque actuelle où le bruit et la fureur remplacent souvent la musique, il faut une sacrée dose d’inconscience et d’humilité pour enregistrer une intégrale des Mazurkas de Chopin, qui plus est, en public et sur un « piano d’époque ».
J’ai toujours trouvé les Mazurkas de Chopin « complexes » autant à écouter qu’à jouer. A-t-on besoin d’avoir baigné dans le folklore Polonais pour les interpréter? S’agit-il de sortes « d’improvisations écrites » qui peuvent donner l’impression (erronée) de bénéficier d’une écriture moins riche que les ballades ou les études?
J’avoue avoir commencé à écouter cet album à reculons. 3 semaines plus tard, j’en suis à ma cinquième écoute intégrale.
Yves Henry balaie mes questions sans doute iconoclastes et vaines en jouant ces Mazurkas d’une manière qui nous détache de la réalité, nous embarquant dans une sorte de voyage hypnotique et onirique.
Son toucher et ses phrases nous conduisent tranquillement à travers l’âme de Chopin, parfois dansante, parfois mélancolique voire mortifère tout autant sûrement que la prémonition de mort de ses Nocturnes.
Inutile d’essayer de décrire par des mots le son du Pleyel de1837. Je rappellerai simplement que chaque « progrès » sur un instrument est accompagné de son lot de régressions. Ce que l’on a gagné en puissance et facilité de toucher sur les pianos plus récents, on l’a perdu par exemple en richesse harmonique.
En terme de « qualité audio », l’ingénieur du son, Joël Perrot, a fait un travail remarquable. Sur mon système, on est à 2-3 mètres du piano, le son est très « direct », sans aucune dureté, sans réverbération de post-production. Un enregistrement en public (restreint) qui retranscrit cette impression de proximité.
Une claque, comme disent les jeunes.
- Titre: Intégrale des Mazurkas de Chopin.
- Artistes: Yves Henry
- Format: CD et PCM 16/44
- Ingénieur du son: Joël Perrot
- Editeur/Label: Soupir Musique
- Année: 2020
- Genre: Classique