Elisabeth Leonskaja est une grande dame, et la promesse d’élégance, de fluidité, de poésie et d’absence de toute forme de pathos exacerbée, est tenue. Le répertoire de Schumann constitue par ailleurs un forme d’évidence. L’interprète a plus qu’une affinité avec le compositeur. Cela relève de l’intimité.
Ce double album recèle de nombreux morceaux d’anthologie, à l’instar de la sonate n°1 op. 11, mais aussi la Sonate n° 2 op. 22, les Variations Abegg, les Papillons, les Etudes symphoniques, les Etudes posthumes, et les Geistervariationen WoO 24.
La technique est à la hauteur de l’interprétation, dépourvue de tout artifice, sincère, intemporelle. Enregistré dans la grande salle de la Radio de Brême, le Steinway de Leonskaja renvoie une image aérée et nette, sans réverbération excessive.
Bien que l’épicentre de ce double album soit les Études Symphoniques op. 13, les sonates sont toujours un régal. La pulsation de la main gauche est un enchantement. la 1ère Sonate en fa dièse mineur est jouée avec passion mais sans débordements. Il y a une extrême maturité, sérénité, dans le jeu de la pianiste. Le phrasé d’Elisabeth Leonskaja est tout bonnement exceptionnel. La sonate N°2 en sol mineur op.22 nous embarque dans un rythme effréné jusqu’à l’Andantino, temps de répit avant le scherzo rapide et dense…
Les Études Symphoniques (Études et Variations) laissent entrevoir la justesse qui, sans vouloir jouer les vieux rabat-joie, s’acquièrent au fil des ans. Et Elisabeth Leonskaja ne met pas une seule note à côté. Sans doute les timbres opulents du Steinway contribuent à cette impression de plénitude.
Mais ce phrasé dénué de toute coquetterie superflue met dans le mille.
Leonskaja nous livre dans ce double album un Schumann sans fard, limpide, avec des intentions pures qui forcent l’émotion.
La souplesse du jeu, le naturel des enchaînements, sont autant de manifestations du travail d’une très grande pianiste.
J’ai passé sous silence le merveilleux Thème et Variations »Geistervariationen » (Variations des esprits), ainsi que certaines œuvres de jeunesse comme les Variations sur le nom Abegg en fa mineur op.1 de 1829/1830 qui constituent la première pièce composée par Schumann. C’est profondément injuste car l’interprétation sans faille de Leonskaja fait de cet album une sorte de quasi partage, entre artiste et auditeur, d’un amour sincère du répertoire Schumannien.
Une bien belle démonstration à laquelle j’adhère complètement.
- Titre: Leonskaja Schumann.
- Artistes: Elisabeth Leonskaja (piano).
- Format: PCM 16 bit, 44,1 kHz.
- Ingénieur du son : Christoph Franke.
- Editeur/Label: eaSonus.
- Année: 2020
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Format CD uniquement.