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Les Six

C’est à l’occasion du centenaire de la première collaboration entre Les Six – le groupe de six compositeurs réunis autour d’Eric Satie (faisant figure ici de septième source d’inspiration), que la soprano suisse Franziska Heinzen accompagnée du pianiste Benjamin Mead (issus tous deux du programme Jeunes Artistes Britton-Pears) enregistrent cet hommage à la musique française du début du vingtième siècle.

Cinq des six compositeurs figurant sur ce disque étaient français – Auric, Durey, Milhaud, Poulenc et Tailleferre, l’exception étant le Suisse Honegger. 

Ce récital est organisé par compositeur et ordre alphabétique, chacun étant introduit par une pièce pour piano seul, sorte d’introduction à un changement d’ambiance ou de style.

Ce duo, baptisé pour l’occasion « Duo de lied », reprend et élargit l’album des Six de 1920. 

Les œuvres des deux premiers compositeurs de cet album, Auric et Durey, sont l’objet pour moi d’une découverte et d’une première mondiale au disque.

Il y a peu d’affect dans le chant de Franziska Heinzen, à part peut-être dans le cycle de son compatriote Honegger, et puis dans le répertoire de Germaine Tailleferre, personnalité ô combien attachante. Mais même dans ces passages plus facétieux, la soprano n’en fait pourtant pas trop, et dose juste.

L’accompagnement du pianiste polonais germano-britannique va dans la même direction, celle d’une sobriété et d’une retenue de bon aloi.

Il en faut d’ailleurs, de la retenue, pour faire apparaître les contrastes et les nuances de ces différentes personnalités. 

Auric, c’est une bouffée de poésie et de romantisme. Louis Durey nous offre un cycle plus kaléidoscopique entre répertoire lyrique français et ambiances subtiles presque teintées de jazz à certains moments.

Honegger nous fait embarquer sur une croisière lyrique, naviguant entre eaux calmes et courants plus tourmentés. Il y a cet élan, ce sens du rythme et de la danse, confinant parfois à la comédie musicale.

Le Maestro Satie donne la mesure en quatre mélodies de son style qui n’appartient qu’à lui. 

Darius Milhaud est sans doute la manifestation dans cet opus romantique la plus évocatrice de la puissance poétique de l’avant garde française de l’époque.

Poulenc représente à lui seul la folie, l’exubérance, l’onirisme ou la démesure que peut véhiculer la musique, parfaitement illustré par une superbe Valse, suivie des Miroirs brûlants de Paul Eluard.

Le piano épouse particulièrement bien la voix sur ces deux pièces, trop courtes malheureusement…

Enfin Germaine Tailleferre clôt ce récital avec son habituelle tendresse et six chansons françaises précédées d’une magnifique pastorale enjouée. Aux confins de l’opérette, c’est un lyrisme plein de vie et d’entrain qui vient conclure un délicieux moment de poésie.

Une belle et courageuse initiative que de faire revivre ce groupe des Six (+1), le temps d’un album, soit un peu moins de 50 minutes.

  • Titre: Les Six.
  • Artistes: Franziska Heinzen (soprano), Benjamin Mead (piano).
  • Format: PCM 24 bit, 96 kHz
  • Ingénieur du son: Andreas Werner.
  • Editeur/Label: Solo Musica.
  • Année: 2021
  • Genre: Classique
  • Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.
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