AM

Lydia Jardon : Miaskovsky – Piano sonatas 1, 5, 9.

Le compositeur russe Nicolaï Miaskovsky, contemporain de Prokofiev et de Chostakovitch, n’a évidemment pas la renommée de ces derniers. Les sonates 1, 5 et 9 ont été peu jouées, et encore moins enregistrées. Les connaisseurs sont sans doute plus familiers des symphonies et des sonates pour piano et violoncelle que de l’œuvre pour piano solo, en dépit d’une ressemblance évidente.

Lydia Jardon qui a déjà enregistré les sonates 2, 3 et 4 chez le même éditeur, s’emploie à continuer la série des 9 sonates qu’à composées Nicolaï Miaskovsky.

Le côté fougueux de la première sonate nous plonge dans une atmosphère post romantique, virevoltante, très inspirée d’un Rachmaninov, et suscitant les qualités de pianiste virtuose de Lydia Jardon.

On se perd presque dans ce foisonnement incessant, ou la complexité chromatique et la variété tonale atteignent un niveau peu habituel.

La prise de son assez réverbérée contribue également à cette ambiance tourmentée, particulièrement dans l’ »Allegro affanato ». On retrouve pêle-mêle des tonalités rappelant Scriabin, puis Debussy. On ressent par ailleurs l’exaltation d’une composition de jeunesse, une volonté presque obsessionnelle de trouver son identité tout en piochant parmi ce que font les meilleurs du moment…

Lydia Jardon évite d’ailleurs très élégamment de sombrer dans un excès de pathos, et garde le contrôle de cette partition un peu folle.

Peut-être aurait-elle pu lâcher prise un peu plus souvent, ou ajouter une subtile dose de dramaturgie ? La critique est facile, l’art est très certainement bien plus difficile…

La cinquième sonate opus 64 semble plus apaisée mais elle n’en reste pas moins un patchwork des influences romantiques de l’époque, notamment Schumann, Liszt et Debussy.

Enfin, la neuvième respire la maturité, œuvre composée peu avant le décès de Miaskovsky. On quitte définitivement le climat tourmenté de la première sonate pour s’installer dans une atmosphère sereine, calme, mais pas non plus dépourvue d’un certain entrain. Le troisième et dernier mouvement « Molto vivo » nous amène ainsi vers un sprint final se terminant par une sorte de pirouette, qui nous laisse sans doute plus émus qu’interloqués.

Lydia Jardon délivre une interprétation sobre et juste, d’une grande élégance. Quelle meilleure façon finalement de remettre au goût du jour ce répertoire méconnu et finalement pas si accessible ?

L »église luthérienne du Bon Secours du onzième arrondissement parisien où a été réalisée la prise de son est un parfait écrin pour le Steinway de Jardon pour cette suite des sonates pour piano de Miaskovsky. Vivement l’opus final !

  • Titre: Miaskovsky – Piano sonatas 1, 5, 9.
  • Artistes: Lydia Jardon (piano).
  • Format: PCM 16 bit, 44,1 kHz
  • Ingénieur du son : Philippe Copin.
  • Editeur/Label: AR RE-SE.
  • Année: 2020
  • Genre: Classique.
  • Intérêt du format HD : Format CD uniquement.