Deux concertos de Mozart sont interprétés ici par l’Orchestre de Chambre de Mannheim et le pianiste Zhen Chen pour le label Solo Musica.
Le Concerto pour piano n°15 en si bémol majeur K450 a été composé par Mozart à l’âge de 28 ans.
Cette œuvre ne recueille pas forcément les faveurs du disque comme peut le susciter k’autre concerto n°21, et ce malgré une écriture musicale dense et inventive.
Cet enregistrement prend en tout cas le parti de la clarté et de la lisibilité.
Les interprètes (et en particulier le soliste) adoptent une belle neutralité, dénuée d’excès d’ornementation qui rend à ce concerto n°15 toute sa splendeur naturelle.
On ne retrouve pas toute la virtuosité et la rapidité de certains grands noms du piano, mais le jeu du Chinois est fluide, limpide, et totalement en osmose avec l’orchestre. C’est bien là l’essentiel ! Tout est en place à l’instar de ce que pourrait jouer un Daniel Barenboim… Et puis la prise de son est tout bonnement exceptionnelle, ce qui rend cette écoute si divertissante et addictive.
Le second mouvement est une petite merveille de raffinement, tandis que le final est sans doute la partie la plus techniquement aboutie.
La balance soliste / orchestre de chambre fonctionne parfaitement dans cet album. La formation de Mannheim est un des tous meilleurs orchestres que j’ai pu entendre sur ce concerto, avec la version de Mitsuko Uchida et de l’English Chamber Orchestra (sorti chez Decca).
Le Concerto pour piano n°21 en ut majeur KV467 fut composé en 1785 à Vienne, peu de temps après celui en ré mineur KV466.
Zhen Chen l’aborde d’une façon très respectueuse de la partition mais moins du tempo, particulièrement rapide dans l’Andante, ce qui donne du rythme en évitant par ailleurs d’en faire trop. Le danger de ce concerto est en effet de se laisser emporter par un excès de pathos, sans doute parfois charmant, mais aussi bien souvent assez mièvre, il faut bien se l’avouer…
Aussi la forme concertante de cette interprétation est particulièrement bien mise en valeur et parfaitement équilibrée.
Cela n’empêche d’ailleurs pas le pianiste de faire preuve d’une grande finesse et d’une vraie sensibilité.
La prise de son très claire renforce d’ailleurs cette sensation de cohésion et de cohérence.
J’ai apprécié également la douceur des tonalités de l’orchestre, pleines et jamais acides, ainsi que la sonorité tout aussi lumineuse du piano.
Dans le dernier mouvement « Allegro », l’orchestre apporte tellement de tension et d’entrain qu’on l’imaginerait plus grand.
C’est pour le coup une superbe démonstration de ce que devrait être un concerto, et de cette osmose entre soliste et orchestre.
La prise de son aide encore sans doute par rapport à des enregistrements plus anciens, à l’instar de la belle version de Curzon avec l’Orchestre de Lausanne d’Armin Jordan qui est du point de vue artistique particulièrement recommandable mais qui souffre un peu de cette séparation un peu trop marquée du soliste et de l’orchestre.
Même constat à propos de la version enregistrée par Marta Argerich avec l’Orchestre symphonique de la WDR de Cologne : outre la prise de son du piano bien trop forte par rapport au niveau de l’orchestre, on penserait presque que la diva du piano avait un train à prendre pour asséner un tel tempo !
Bref, cette interprétation est un modèle d’équilibre et d’écoute mutuelle entre soliste et orchestre, servie par une très bonne prise de son.
Cela mérite donc ma meilleure recommandation et bien naturellement un Grand Frisson salzbourgeois !
- Titre : Mozart : Piano concertos n° 15 & 21.
- Artistes : Zhen Chen (piano), Kurpfälzisches Kammerorchester, Thomas Rösner (direction).
- Format: PCM 24 bit, 96 kHz.
- Ingénieur du son: Manfred Schumacher.
- Editeur/Label: Solo Musica.
- Année: 2024
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.