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Philippe Gaubert – Miniatures.

Encore un compositeur méconnu , source une fois de plus d’un nombre impressionnant d’interprétations inédites au disque : en effet, sur les douze œuvres regroupées dans cet album, pas moins de huit n’avaient jamais été enregistrées. 

Difficile alors de se forger une opinion circonstanciée de la valeur du travail des interprètes. Reste la musique et l’écriture. Nous irons donc à l’essentiel, les impressions très personnelles ressenties à l’écoute de ce répertoire.

Lorsqu’on écoute les compositions de Philippe Gaubert, on pense inévitablement à Gabriel Fauré et aux autres compositeurs français de cette époque. Ce compositeur, également flûtiste et chef d’orchestre, a d’ailleurs été un ami proche de Maurice Ravel avec lequel il partageait un profond attachement au Pays basque.

Sa musique s’inscrit ainsi dans ce courant élégant, où l’intelligence de l’écriture rivalise avec l’humour et la légèreté de ton ou bien encore avec un certain sens de la mise en scène.

Cet album « Miniatures » regroupe un ensemble de compositions de musique de chambre, dont une part importante est dédiée sans grande surprise à la flûte. On trouve néanmoins certaines pièces écrites pour violon alto et piano, des chansons (pour se consoler d’être heureux !), et même un Cantabile et Scherzetto pour cornet à pistons et piano !

Il y a en ce qui me concerne moins de puissance émotionnelle chez Gaubert que dans la musique de Fauré, et bien que le premier semble s’être largement inspiré du style du dernier.

Je dirais que Gaubert reste un peu plus en surface, dans une élégance et une clarté assez constante. On cherche à un moment la fêlure mais on ne la trouve pas vraiment.

Difficile aussi de rivaliser avec ses monstres sacrés contemporains…

Cela n’empêche pas pour autant de distinguer dans cette programmation quelques jolies pépites ainsi que, plus globalement, une grande dose de poésie.

La Fantaisie Fugue pour flûte et piano en regorge. C’est une première mondiale dans le sens où ont été enregistrées jusqu’à présent l’édition finale mais pas le manuscrit original. On pense notamment à la belle interprétation de Vincent Lucas dans un best of de 2015…

Il y a en effet une belle part de délicatesse et de rêverie dans cette musique. Le poème élégiaque pour alto et piano en est un parfait exemple.

Mais d’autres facettes plus complexes de ces compositions sont également représentées, à l’instar des deux poèmes de Paul Arosa pour soprano et piano, interprétés par la pianiste Laurence Disse et la soprano Marie-Louise Duthoit.

Ces deux œuvres présentent en effet un tout autre niveau de complexité harmonique. Elles on été en l’occurence composées pour la chanteuse Hilda Roosevelt, soprano lyrique et parente de Théodore Roosevelt.

La suite pour flûte et piano reste selon moi le point central de ce disque. La perspective ravelienne impulsée par Vincent Lucas (toujours dans la même compilation de 2015) donne plus de force à l’œuvre. Ici, la flûte de François Bru se veut plus vagabonde, moins fusionnelle avec le piano. Cela accentue le côté poétique mais cède un peu de terrain du côté de l’émotion ressentie par l’auditeur.

Au final, ce disque représente un joli périple dans l’univers de la musique de chambre et pour flûte d’un compositeur injustement oublié et que nous offre ici Calliope, la fraîcheur des versions historiquement informées en prime !

  • Titre: Philippe Gaubert – Miniatures.
  • Artistes: Marie-Louise Duthoit (soprano), François Bru (flûte), Eric Aubier (cornet), Benoît Marin (alto), Laurence Disse (piano), Pascal Gallet (piano), Ariane Gendrat (piano), Catherine Legrand (piano).
  • Format: PCM 16 bit, 44,1 kHz
  • Ingénieurs du son: Gérard Guilloury.
  • Editeur/Label: Calliope.
  • Année: 2021
  • Genre: Musique classique.
  • Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): format CD uniquement.