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Poème.

C’est un disque qui semble être affreusement banal, voire un peu désuet. Et pourtant , dès les premières secondes, la magie opère.

En effet, le « Prélude et Allegro » de Fritz Kreisler vous captive instantanément. L’entente et la complicité entre Olivier Pons et Folke Gräsbeck est manifeste.

Il faut dire que ces deux-là jouent ensemble depuis de nombreuses années et se sont produits à diverses reprises en France et à l’étranger.

La prise de son est de très bonne facture également, ce qui permet d’apprécier les envolées des deux compères.

Ce récital réunit ainsi des œuvres de prédilection, ce « Prélude et Allegro » de Kreisler qui plaît tant aux violonistes, mais aussi la « Sérénade mélancolique » de Tchaikovsky, deux « Danses champêtres » de Sibelius, des pièces pour violon et piano d’Oskar Merikanto, la « Sonate numéro 2 en ré majeur » de Prokofiev pour conclure avec un enregistrement inédit du « Poème Opus 25 » d’Ernest Chausson !

Oui, j’ai révisé assez rapidement mon jugement initial car il n’y a rien de banal dans cette sélection, bien au contraire. Les deux protagonistes parviennent à communiquer leur amour de ce répertoire assez peu joué à notre époque, et témoin de la créativité de la fin du 19ème et du début du 20ème.

Une belle illustration de cette originalité est le répertoire pour violon et piano de Merikanto, composé à la fin de sa carrière en s’inspirant largement de ses précédentes créations de musique vocale mélodique.

Si la « Berceuse » peut paraître un peu caricaturale dans cette transcription du chant au violon (c’est néanmoins très habilement réalisé), l’ « Air » et la « Chanson folklorique avec variation » me touchent droit au cœur.

La « Sonate numéro 2 » de Prokofiev est d’une élégance rare. Je suis resté impressionné par le phrasé et la musicalité d’Olivier Pons. C’est comme s’il arrivait à trouver une voie de traverse permettant de concilier les différentes facettes de l’écriture de Prokofiev. Il y a comme un équilibre entre le lyrisme et les côtés plus rugueux de cette sonate qui sont présentés ici dans une sorte de continuité naturelle et poétique.

Et que dire du Poème d’Ernest Chausson ?

Une œuvre longue (16 minutes) dédiée au violoniste Eugène Ysaÿe, qui représente sans nul doute le passage le plus poignant et lyrique de ce disque. Cet aspect est d’autant plus évident que le titre original de cette œuvre est « Le Chant de l’Amour Triomphant », inspirée d’une nouvelle de Tourgueniev, récit fantastique se passant dans la Ferrare du XVIeme siècle. Étonnant que ce type d’adaptation (la pièce étant à l’origine écrite pour violon et orchestre), n’ait pas fait davantage d’émules. La prestation d’Olivier Pons est en tout cas ici remarquable, servie par un partenaire particulièrement sensible et respectueux des nuances.

Un très joli final pour un disque qui mérite amplement son Grand Frisson !

  • Titre: Poème.
  • Artistes: Olivier Pons (violon), Folke Gräsbeck (piano).
  • Format: PCM 16 bit, 44,1 kHz
  • Ingénieurs du son: Robi de Godzinsky, Antti Sjöholm.
  • Editeur/Label: Fuga.
  • Année: 2021
  • Genre: Musique classique.
  • Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): format CD uniquement.
Poème. 2