Ce dernier enregistrement intitulé Résilience représente la dernière étape de cette intégrale des sonates de Miaskovsky par la pianiste Lydia Jardon. Voilà, c’est fait !
« Résilience », c’est sans doute, au delà du travail fourni par Lydia Jardon pour explorer ce répertoire et chercher une forme d’intimité avec la musique du compositeur russe tombé dans l’oubli, une évocation de la puissance de la musique de Nikolaï Miaskovsky face au totalitarisme russe. A moins que ce ne soit finalement le totalitarisme russe lui-même qui à travers les événements récents soit l’émanation d’une certaine forme de résilience idéologique…
De cette trilogie, ce troisième et dernier opus représente une forme de sérénité et de paix intérieure. Une façon sans doute de dire au revoir à un vieil ami avec qui on a partagé des moments de bonheur et de désarroi. Il n’y a pas besoin d’en faire des tonnes, juste de jouer simplement, mais à cœur ouvert, cette musique devenue si intime.
La Sonate numéro 6 Op.64 en la bémol nous plonge dans une poésie tourmentée, alternant les passages sereins avec ceux bien plus anxiogènes et agités d’un compositeur malmené par le régime soviétique.
La prise de son est magnifique et le phrasé de Lydia Jardon nous envoûte.
C’est un moment de grâce, au sein d’un contexte assez tumultueux, mais surtout romantique, voire impressionniste.
On ressent des influences multiples, celles de Schumann et de Debussy notamment.
La Sonate numéro 7, Op.82 s’inscrit davantage dans un climat d’apaisement. On ressent une grande affinité et intimité vis-à-vis de cette musique.
C’est un style davantage inspiré de Gabriel Fauré cette fois-ci, avec ses départs lents et calmes et ses finals très appuyés. Le jeu fluide et aérien de l’interprète permet d’éviter les travers d’un phrasé trop énergique, d’un esprit trop démonstratif. On est ici dans ce que j’ai l’habitude de nommer le juste équilibre. C’est beau et il n’y a pas grand chose d’autre à dire qui ne serait que platitude ou considération purement subjective…
La Sonate 8, Op.83 débute par une belle mélodie empreinte de mélancolie.
Lydia Jardon prend son temps, tisse doucement sa toile dans un allegretto plein de finesse. J’ai apprécié cette absence de pathos et d’ornementation trop lourde.
L’andante cantabile qui lui succède ramène un peu de densité sans pour autant déroger à cette ligne mélodique claire semblant vouloir s’éterniser.
Le dernier mouvement « vivo » nous sort de cette douce rêverie, autorisant Lydia Jardon à jouer de façon plus appuyée, plus verticale. La clarté de la ligne mélodique reste néanmoins intacte.
Lydia Jardon clôture ce programme avec une dose massive de poésie et de profusion harmonique. On retrouve dans le Chant, Op.58 le langage de Gabriel Fauré. Superbe !
La rhapsodie finale est sans nul doute la composition la plus fervente de ce disque. On dirait presque un message d’adieu de Lydia Jardon à ce compositeur injustement méconnu, un quasi-déchirement.
C’est très touchant, troublant et l’émotion de Lydia Jardon est particulièrement communicative.
Si cet album mérite indéniablement un Grand frisson, c’est surtout à cette trilogie qu’il convient d’en décerner un. Un grand bravo, Madame Jardon !
- Titre: Résilience.
- Artistes : Lydia Jardon (piano).
- Format: PCM 16 bit 44,1 kHz.
- Ingénieur du son: Jean-Marc Laisné.
- Editeur/Label: AR RE-SE Classic.
- Année: 2023
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Format CD uniquement.