C’est le troisième volet dédié au répertoire pour violon et piano de Saint-Saëns par le duo Fanny Clamagirand / Vanya Cohen.
Un programme sans aucun doute particulièrement dense…
C’est la Danse Macabre qui ouvre le bal, poème symphonique directement adaptée pour duos de pianos et violon – piano par Saint-Saëns lui même (arrangement de 1877).
C’est l’entrée en matière idéale pour se convaincre que ce duo fonctionne à merveille.
Les deux partenaires jouent une partition à la fois nerveuse et chantante.
Le violon de Fanny Clamagirand allie en effet vivacité et précision. Sans jamais être trop insistant, il nous offre des aigus particulièrement lumineux et incisifs ainsi qu’un très joli médium. Le piano est également très élégant, toujours dans la retenue, mais insufflant cette dynamique ciselée qui sert si bien ce répertoire. La prise de son ne gâche rien, misant avant tout sur une balance optimale violon – piano (avec un violon sensiblement mis en avant) sans excès de définition.
Dans l’Introduction et rondo capriccioso opus 28 (arrangement de Bizet), on atteint des sommets de musicalité et d’intégrité vis-à-vis de l’œuvre. C’est vraiment ce que j’ai apprécié dans cet enregistrement : ce haut niveau de virtuosité et en même temps cette grande humilité. La balance entre les deux instruments est parfaite, et même si le violon est la star de ces compositions, l’équilibre ici entre les deux interprètes frise la perfection.
L’Havanaise en mi majeur constitue également un délicieux moment, vif et enjoué, dégraissé du pathos de certaines versions de concert.
Il n’en reste pas moins chargé d’émotion, celle qui provient de la beauté de la composition, de l’arrangement qui ne se limite pas chez Saint-Saens à une simple réduction d’un modèle orchestral, et de l’éloquence d’une violoniste qui sonne particulièrement juste.
Personnellement, je trouve que ces arrangements pour deux instruments magnifient ces compositions.
Le Caprice Adalou est une rêverie poétique sur l’Andalousie que Saint-Saëns qui a été revue plusieurs fois mais dont la version piano et violon est celle originelle. A la différence des œuvres plus concertantes, celle-ci laisse davantage d’espace au piano tout en conservant néanmoins l’hégémonie du violon. J’ai apprécié le phrasé pur et la rythmique infaillible de Vanya Cohen.
Le programme s’achève avec le Caprice d’après l’Etude en forme de valse ( transcription d’Ysaÿe) et la conviction que cette interprétation restera dans les annales.
Un très beu disque et un grand frisson !
- Titre: Saint-Saëns : Danse macabre – Introduction et rondo capriccioso – Havanaise – Air de Dalila.
- Artistes : Fanny Clamagirand (violon), Vanya Cohen (piano).
- Format: PCM 24 bit, 96 kHz
- Ingénieur du son: Judith Carpentier-Dupont.
- Editeur/Label: Naxos
- Année: 2021
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.