Le concerto pour violoncelle et le concerto pour violon de Schumann font partie des très rares oeuvres que je trouve angoissantes voire terrifiantes pour le concerto pour violon, malgré son dernier mouvement lumineux.
Leur histoire est assez particulière.
Le concerto pour violoncelle n’a jamais été joué du vivant de Schumann, De nombreux violoncellistes (et non des moindres!) comme Pierre Fournier ou Mitslav Rostropovich en on réécrit des parties ou demandé des réorchestrations, pour finalement revenir plus tard à la version originale.
Le concerto pour violon dédicacé au violoniste Joachim qui ne l’a jamais joué parce que trop « ingrat » a été retiré du catalogue des oeuvres de Schumann. Il n’a été crée qu’en 1933, dans une sordide ambiance Nazie, avec des « adaptations » de Hindemith qui trouvait le concerto « injouable et inadapté » . Ce n’est qu’en 1938 que Menuhin enregistra le concerto dans sa version originale.
Quelle est la part de la maladie mentale, de la souffrance et des hallucinations de Schumann dans ces oeuvres? C’est naturellement impossible et savoir, et peu importe d’ailleurs, même si à leur audition je ne peux m’empêcher de, peut-être, en être imprégné.
Gilles Colliard, qui est aussi le soliste dans le concerto pour violon a décidé de transcrire la partie orchestrale pour une formation de musique de chambre à cordes. Les puristes hurleront sans doute. Personnellement, je trouve cela très pertinent, vu le caractère introverti de ces deux oeuvres comme le rappelle Gilles Colliard qui indique aussi: « toucher Autrui en ne parlant qu’à Soi ».
Nadège Rochat est la soliste du concerto pour violoncelle. Malgré son très jeune âge, son interprétation va de la douleur à la lumière dans un chemin à la fois proche du texte et personnel.
Je suis tombé amoureux de cet album que j’ai bien du écouter 10 fois depuis son arrivée et malgré le malaise qu’il engendre chez moi. Les cordes pleurent, sourient, sanglotent et construisent dans une excellente prise de son et une proximité qui procure d’autres sensations que la la version orchestrale.
Ce n’est sans doute pas la seule version à écouter, mais c’est pour moi, l’une des versions à ne pas manquer.
Un Grand Frisson Noir spécial pour cet album et cette musique si dérangeante.
- Titre: Schumann
- Artistes: Gilles Colliard, Nadège Rochat, Orchestre de Chambre de Toulouse
- Format: PCM 24 bit, 96 kHz et CD
- Ingénieur du son: Jérôme Hallay
- Editeur/Label: Klarthe
- Année: 2021
- Genre: Musique classique
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel