« Cet enregistrement est un véritable projet pandémique réalisé avec ma merveilleuse classe de violoncelle de l’université de musique de Detmold en Allemagne. Réaliser nous-mêmes tous les arrangements pour l’orchestre de violoncelles a également constitué une grande partie de ce projet. Je suis extrêmement heureuse que nous ayons obtenu la permission d’Irina Shostakovitch de sortir cet album avec notre arrangement du premier concerto pour violoncelle de son mari » déclare Xenia Jankovic.
Oui, à toute chose malheur est bon, et ce projet discographique n’aurait peut-être jamais vu le jour sans l’épidémie de Covid 19.
C’est indéniablement un joli projet pédagogique et musical pour ce groupe de 8 jeunes élèves violoncellistes de Xenia Jankovic et membres de l’Ensemble Inspirimus.
Le Concerto pour violoncelle de Dmitri Shostakovich est fortement évocateur de cette époque trouble après la mort de Joseph Staline. Sous des airs conventionnels, se dévoile un monde plus sombre, inquiétant, parfois à la limite du sarcasme.
Il y a une vraie vision de chef d’orchestre chez madame Jankovic. Le deuxième mouvement (moderato) est à la fois d’une grande beauté et d’une angoisse quasi mystique, tandis que le troisième mouvement nous plonge dans une infinie tristesse.
C’est un magnifique hommage à cette tessiture si complexe du violoncelle, se rapprochant parfois de la voix humaine.
L’allegro con moto s’amuse avec les airs populaires russes, comme s’il souhaitait camoufler cette œuvre puissante derrière un trompe l’œil aux couleurs du Parti Communiste.
Il y a forcément moins de modernité dans les Variations sur un thème rococo de Tchaikovsky.
Originellement composé pour un violoncelle soliste accompagné d’une petite formation d’instruments à vent et à cordes, la version interprétée ici est arrangée pour une formation ne regroupant que des violoncelles.
Cet arrangement est une jolie réussite. Il tend à magnifier le jeu du soliste et à souligner la richesse de timbre de l’instrument. A aucun moment en effet, on ne ressent la moindre austérité tonale. Quelle belle diversité au contraire !
Comme c’est le cas parfois, le fait de concentrer la réécriture d’une œuvre concertante sur la tessiture d’un seul instrument, en une forme totalement chambriste, permet de mieux apprécier la structure même de la composition.
Il faut dire que l’élan imprimé par le violoncelle de la Maestra serbo-russe est essentiel, à un point tel que j’ai ressenti une envie quasi irrésistible de me lever pour applaudir à la fin de la dernière Variation (numéro 7, s’agissant ici de la transcription de Wilhelm Fitzenhagen, supprimant la 8eme à la grande déception de Tchaikovsky).
La prise de son est comme à son habitude d’excellente facture pour les enregistrements de Xenia Jankovic, ce qui permet de distinguer les subtiles variations et nuances du jeu de l’ensemble et d’obtenir une image stéréo crédible, grandeur nature.
Bravo !
- Titre: Shostakovich & Tchaikovsky – Cello Concerto N°1, Variations on a rococo theme.
- Artistes : Xenia Jankovic, Ensemble Inspirimus.
- Format: PCM 24 bit, 96 kHz.
- Ingénieur du son: Sascha Etezazi.
- Editeur/Label: Calliope.
- Année: 2022
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.