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Sophia Vaillant – Compositrices françaises

C’est un disque bénéficiant d’une excellente prise de son. L’acoustique du lieu d’enregistrement (la Salle Molière à Lyon) et la tonalité du piano Bösendorfer Impérial 290 se marient d’ailleurs à la perfection.

Je ne m’étendrai pas sur la nécessité de défendre l’importance du rôle des femmes dans la composition musicale française. J’ai tendance à penser que ces débats appartiennent au passé. Mais celui-ci n’est pourtant pas si lointain, et c’est une excellente initiative que de se focaliser ici sur des compositrices qui n’ont sans doute jamais obtenu une notoriété à la hauteur de leur talent, et rien n’est jamais trop tard puisque certaines sont toujours nos contemporaines.

Et puis, c’est extrêmement rafraîchissant pour un chroniqueur que de découvrir des œuvres méconnues. On laisse parler son âme, on n’est pas distrait par la question de savoir si cette interprétation apporte un nouvel éclairage sur une œuvre déjà écoutée des centaines de fois (à l’exception sans doute des Trois morceaux pour piano de Lili Boulanger). Pour tout ceci, merci Sophia Vaillant de nous proposer un tel programme.

Et pourtant, cette interprétation d’ « Un vieux jardin » et d’ « Un jardin clair » me touchent énormément, davantage en tous cas que ce que j’ai pu écouter jusqu’ici. J’apprécie ce tempo lent, la qualité des silences et cette superbe sonorité. J’ai presque eu l’impression de redécouvrir ces morceaux, du moins de me rendre compte à quel point ils étaient tout simplement beaux.

Je me suis presque demandé à un instant si cela n’était pas un peu surjoué. Et puis qu’importe, si l’émotion est telle, quel est donc le problème ?

J’ai également adoré la délicatesse du Nocturne Op.49 de Louise Farrenc et la beauté des arpèges, et plus globalement du phrasé de Sophia Vaillant.

Certaines compositions plus contemporaines, à l’instar de « Tango Si » et « Signets » de Betsy Jolas, viennent donner un autre éclairage à ce thème des compositrices françaises. Cette grande dame, qui a côtoyé quelques grandes figures du XXème siècle (Darius Milhaud, Olivier Messiaen pour ne citer que ces deux-là), est davantage connue pour son travail orchestral et ses opéras. Ces petites pépites pour piano sont néanmoins très attrayantes et d’une grande modernité. J’ai apprécié cet hommage à Ravel, qui ne se limite en aucun cas à un pastiche ou une revisite, mais qui représente une extension de ce qu’aurait pu être la musique de Maurice Ravel un demi-siècle plus tard.

Les Trois Eaux-Fortes d’Edith Lejet constituent une suite naturelle, avec une densité modale si particulière.

Ce Bösendorfer Impérial est le vecteur idéal pour restituer toute la subtilité picturale de ces Eaux-Fortes. Magnifique !

Pièce longue, la « Barcarolle du souvenir » de la compositrice franco-marocaine Graciane Finzi nous invite à la mélancolie, mais nous offre aussi des envolées lyriques et virtuoses. C’est un concentré de références musicales, d’ornements, de variations qui finissent par nous désorienter dans la masse de nos souvenirs.

Quel meilleur titre pour conclure que celui du « Prélude au silence » d’Edith Canat de Chizy ?

Ce programme est d’une diversité et d’une richesse rare. L’enregistrement est excellent et la qualité d’interprétation de Sophia Vaillant de haute volée. Le Grand Frisson est bien présent. C’est une évidence !

  • Titre: Sophia Vaillant – Compositrices françaises.
  • Artistes : Sophia Vaillant.
  • Format: PCM 16 bit, 44,1 kHz.
  • Ingénieur du son: Mathieu Plantevin.
  • Editeur/Label: IndéSENS !
  • Année: 2022
  • Genre: Classique.
  • Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Format CD uniquement.
Sophia Vaillant - Compositrices françaises 2