Le titre est évocateur de la complémentarité tonale de ce duo basson / piano.
C’est une association qu’on ne croise pas si fréquemment, mais qui fonctionne néanmoins très bien.
Marie Boichard, premier basson de l’Orchestre National de France, et le pianiste toulousain Vincent Mussat piochent ici dans le répertoire, connu et moins connu, pour instruments à vent du vingtième siècle.
Le programme débute avec « Portuguesa » d’Henri Büsser, une suite de chansons folkloriques portugaises. Le basson français restitue une forme d’éloquence juste et sincère, accompagnée par un piano particulièrement lyrique et lumineux. Il y a une douceur et une tonalité chez ce basson qui nous font penser immédiatement à la voix humaine, celle d’une mezzo française du début du siècle dernier.
Le « Concertino » de Marcel Bitsch se caractérise par une ambiance également très lyrique. La sonorité chaude du basson remporte notre pleine adhésion grâce à sa grande sensibilité. Elle nous raconte une histoire pleine de rebondissements, évocatrice d’un certain tumulte amoureux. La fusion entre les deux interprètes est quasi parfaite.
Le « Fagottino » de René Duclos constitue en quelques sortes un interlude impressionniste, voire une longue introduction des « Hallucinations » d’Alain Bernaud. Le basson y est plus mystérieux, plus sombre, peut-être aussi davantage intérieur. C’est une composition, il est vrai, assez récente en comparaison. Cette modernité et ces contrastes plus saillants, permettent d’explorer ici toute la tessiture du basson français, ainsi que de prendre la pleine mesure de son potentiel rythmique.
Les trois dernières œuvres jouées dans cet album sont des pièces plus courtes. « La Sicilienne » de Gabriel Fauré apporte une tonalité plus chaude que les traditionnels hautbois ou flûtes plus communément utilisés.
La « Sonatine-Tango » de Pierre-Max Dubois amène indéniablement une petite touche d’exotisme. Le basson se veut ici majestueux, puissant, à l’instar d’une trompette sud-américaine.
Le « Carignane », de Jacques Ibert, constitue le dernier morceau de cet album. Le duo finit ainsi sur une touche élégante, évoquant un cépage espagnol, et peut-être indirectement les effets de l’ivresse via une mélodie lassive et inspirée.
Au final, la complicité et l’harmonie entre le piano et le basson contribuent énormément au succès de cet enregistrement.
A l’instar du violoncelle, qui concurrence pour certains aficionados la voix humaine, le basson français remplit de manière étonnante lui aussi ce rôle, servi par une interprète particulièrement douée.
On en redemande !
- Titre: Timbres.
- Artistes : Marie Boichard (basson), Vincent Mussat (piano).
- Format: PCM 24 bit / 96 kHz.
- Ingénieur du son: Alix Ewald.
- Editeur/Label: Klarthe.
- Année: 2023
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.