L’ensemble Artemandoline, après avoir brillé de mille feux avec ses « Concerti napoletani per mandolino » réitère un hommage à la musique baroque italienne, spécialement dédié aux parfums de la lagune vénitienne.
Pour l’occasion, il accompagne la très sensuelle soprano espagnole, Nuria Rial.
Le répertoire est celui de compositeurs vénitiens oubliés du XVIIIème siècle tels qu’Antonio Lotti ou Baldassare Galuppi, et napolitains (Tommaso Troetta, Gennaro Manna) ou bien encore florentin à l’instar de Francesco Bartolomeo Conti, ainsi que deux concerti pour mandoline d’Antonio Vivaldi.
C’est un répertoire à la fois délicat, vif et opératique, magnifiquement servi par cet ensemble baroque et par la voix particulièrement enchanteresse de Nuria Rial.
La prise de son est somptueuse, permettant une lisibilité parfaite des différents instruments, avec de très belles qualités tonales. Pas d’excès de réverbération, ni d’aplats baroqueux, et une voix bien captée ne prenant pas le pas sur l’orchestre, mais s’inscrivant dans une dynamique concertante vraiment réussie.
L’air « Lascia che nel duo viso », extrait de l’opéra Teofane, d’Antonio Lotti, est une pure merveille.
Ces arias pour soprano, mandoline, violons et basse continue étaient fréquemment utilisés dans les opéras et oratorios de cette époque. Le dialogue qui s’installe entre la voix et la mandoline témoigne du goût prononcé pour cette grâce voluptueuse et concertante.
Cette voix de soprane très lumineuse, légère, jamais capiteuse, s’allie parfaitement au répertoire. Quelle technique vocale ! Les vocalises sont admirablement maîtrisées.
Je redouble de compliments à l’équipe technique lorsque j’entends ces Folias au rythme endiablé et à la lisibilité exemplaire. Cette partie de ping pong entre les voies de droite et de gauche est enivrante et la gestion des forte est d’une propreté inhabituelle. Bien évidemment, les musiciens ne déméritent pas en délivrant une prestation à la fois virtuose et homogène.
La seule (petite) déception vient d’un dernier concerto pour mandoline en ut majeur signé Vivaldi (RV 425) plutôt calme et consensuel, venant à l’encontre de mes attentes de bouquet final. Hélas, nous sommes à Venise, pas à Versailles et je devrai m’en contenter…
Cela ne vient pas pour autant amoindrir le gros coup de cœur que j’ai eu pour cet album. Un grand Frisson assurément !
- Titre: Venice’s Fragrance.
- Artistes: Nuria Rial (chant), Ensemble Artemandoline.
- Format: PCM 24 bit, 48 kHz
- Ingénieur du son : Arno Op den Camp.
- Editeur/Label: Deutsche Harmonia Mundi.
- Année: 2020
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD : Réel.