20 ans et 18 ans. L’ainée est la sœur, et tous deux sont nés en Slovénie.
Ils ont commencé le piano dès le plus jeune âge et sont déjà aujourd’hui des stars montantes du piano classique.
Malgré leur jeune âge, Zala Kravos et son frère cadet Val sont des pianistes exceptionnels qui se produisent à l’international depuis de nombreuses années.
S’ils suivent tous deux une carrière de soliste, il leur arrive pourtant de jouer ensemble un répertoire pour piano à quatre mains afin de mettre à profit cette relation fusionnelle frère-sœur.
Ils ont d’ailleurs obtenu en 2019 un diplôme de musique de chambre en piano à quatre mains avec grande distinction au Conservatoire de la Ville de Luxembourg.
Protégée de Maria Joâo Pires, la carrière de Zala Kravos démarre sur les chapeaux de roues, et enchaine les concerts sur de nombreuses scènes internationales.
Elle entraîne ici son frère dans une aventure à 4 mains, qui n’en est pas vraiment une puisque les deux enfants prodiges ont l’habitude depuis de nombreuses années de terminer leurs concerts par ce genre de prestations à quatre mains…
Au menu, la sonate de Mozart KV 381. Si cette sonate a été écrite pour être jouée à des fins privées avec sa soeur Nannerl (Maria Anna Walburga Ignatia Mozart) ou des étudiants surdoués, la fratrie Kravos exprime bien ici cette joie de jouer ensemble.
C’est une prestation certes moins explosive que celle des clavecinistes Patrick Ayrton et Wolfgang Glüxam (enregistrement paru chez Fra Bernardo en 2019), mais qui est forcément plus calme sur un piano moderne.
Il n’y a pas non plus la maturité de l’interprétation de Martha Argerich et Daniel Rivera de 2014. Mais il y a en tout cas dans l’Andante, entamé sur un tempo très lent, quelque chose de gracieux, plus même, une émotion particulière, et cela est déjà incroyable pour deux si jeunes artistes.
La Fantaisie de Schubert D 940 Opus 103 est également jouée ici sur un tempo plutôt lent. Ce trésor de sensibilité manque ici d’un peu de l’élan vital qui me saisit tellement sur les grandes versions. C’est un exercice risqué que d’attaquer cette fantaisie de façon aussi calme, sans que le chant si caractéristique de cette musique soit plus cadencé. Passées les cinq premières minutes de ce programme long, on sait qu’on n’aura pas droit à cet élan romantique que nous offrent Gilels père et fille, ou bien encore Maria Joâo Pires et Ricardo Castro. Sans doute trop de linéarité ici, et un frère peut-être encore pas assez mûr pour se mesurer à ce monument du piano à 4 mains.
Les jeux d’enfants de Bizet trouvent sur ce disque une interprétation vraiment inspirée. Est-ce la jeunesse qui assure le succès dans ces pièces courtes ? Les jeux d’enfants ne sont sans doute pas pour les adultes.
Et il y a ici moins de crispation, moins de timidité, mais bien plutôt une vraie joie communicative, et cette complicité des quatre mains.
Peut-être ces références à l’enfance sont tellement proches du vécu de Zala et Val, tant de souvenirs communs, que l’esprit du jeu déteint sur l’interprétation. C’est en tout cas une très belle version, pleine d’entrain et de justesse.
Le Poème opus 269 de Françoise Choveaux vient clore ce programme à quatre mains. C’est une composition inédite spécialement écrite pour ce disque, et pour nos deux jeunes interprètes.
Et c’est une jolie façon de conclure cet album, avec ces aplats de matière sonore, ces contrastes dynamiques dans un style très contemporain, jouant avec les ombres et la lumière, comme l’affectionne la pianiste compositrice.
C’est aussi en abordant ce répertoire musical, très exigeant techniquement parlant, qu’on se rend compte de la qualité de la prise de son.
Un disque qui augure en tout cas beaucoup de beaux moments musicaux à venir, et qui met en lumière une vraie complicité chez ces deux jeunes artistes.
- Titre: Zala & Val Kravos – Piano Duet.
- Artistes : Zala Kravos, Val Kravos (piano à quatre mains).
- Format: SACD hybride – DSD 64.
- Ingénieur du son: Manfred Schumacher.
- Editeur/Label: Ars Produktion.
- Année: 2022
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.
