Après un essai plus que concluant avec la gamme Mauve, qui constitue aujourd’hui l’offre intermédiaire du fabricant canadien Câbles Luna, leur distributeur français Rhapsody HiFi m’a gentiment mis à disposition quelques modèles de la gamme supérieure : la ligne rouge. Cet article constitue en quelque sorte une forme de complément de celui paru dans le précédent numéro, puisqu’il permet de se faire une idée rapide de ce que peut proposer le fabricant dans son haut de gamme, interrogation que je lançais sans doute avec une arrière-pensée en conclusion du test des câbles de la ligne Mauve. Le problème des arrières-pensées, c’est généralement qu’elles ne restent pas très longtemps en arrière. L’assouvissement d’une passion audiophile est ainsi fait et derrière la simple curiosité niche souvent le démon de la tentation…
Je ne m’étendrais donc pas très longtemps sur la présentation de l’offre de Câbles Luna puisque vous trouverez déjà beaucoup d’informations dans le précédent numéro. Les câble mis à disposition ont été une paire de câbles haut-parleurs en terminaisons bananes, un jeu de cavaliers / jumpers complet avec terminaisons fourches / bananes, une paire de câbles de modulation asymétriques RCA ainsi qu’une paire de câbles symétriques XLR. En ce qui concerne les câbles HP, les Luna Rouges présentent un structure nettement plus complexe que celle des Mauves, combinant six conducteurs neo-vintage (LCNV) tressés de calibre 18 et deux conducteurs LCNV entrelacés de calibre 22, pour un calibre total de 13 par polarité. Pour mémoire, les Mauves ne comptaient que 3 conducteurs de calibre 18.
Un blindage tressé en cuivre étamé est employé pour réduire les radiofréquences et minimiser les interactions électromagnétiques. Des boitiers en aluminium anodisé sérigraphiés à la main (avec un très joli papillon Lune !) sont mis en place à chaque extrémité pour renforcer la stabilité des points de contact et réduire tout impact des vibrations parasites. Chaque câble est ensuite terminé par des connecteurs de type banane et/ou à fourche de faible masse et cryogénisés pour améliorer la transmission du signal. Les cavaliers Rouges sont fabriqués avec trois conducteurs LCNV de calibre 18 et un conducteur LCNV de calibre 22. Les terminaisons conservent le même niveau de qualité que les câbles principaux mais sans embarquer bien évidemment les jolis boitiers en aluminium…
Le câble de modulation symétrique XLR Luna Rouge gagné également en sophistication par rapport au modèle Mauve. Il est composé de deux conducteurs LCNV de calibre 22 et d’un conducteur en argent solide de calibre 26 avec diélectrique en coton huilé par polarité. La connexion neutre est assurée par deux conducteurs LCNV de calibre 22. Une couche isolante supplémentaire en coton est insérée entre les conducteurs et le blindage de cuivre étamé, de façon à minimiser davantage les perturbations créées par le champ magnétique des conducteurs.
Les connecteurs sont également totalement différents avec cette fois-ci de superbes connecteurs Viborg de la série 202R équipés de contacteurs en cuivre OFC avec double plaquage argent et rhodium. Enfin, les câbles de modulation asymétriques RCA sont composés à l’identique du câble symétrique de deux conducteurs LCNV de calibre 22 par polarité et d’un conducteur en argent solide de calibre 26 avec diélectrique en coton huilé par polarité. La même couche isolante en coton est insérée entre les conducteurs et le blindage de cuivre étamé. Le blindage tressé en cuivre étamé est employé pour réduire les radiofréquences et minimiser les interactions électromagnétiques.
impressions d’écoute :
Je n’ai pas été vraiment désorienté à l’écoute des câbles de la ligne rouge. Ils correspondent globalement à l’idée que je m’étais faite des câbles de la ligne mauve. Ils renvoient de la même manière une grande impression de naturel et de douceur organique. Ils viennent complètement éradiquer les petites duretés de mes câbles Coincident Speaker Technology de la gamme Statement, et dont je n’avais pas vraiment conscience avant d’avoir essayé les câbles Luna. Les Rouges rajoutent par rapport aux Mauves davantage de matière, de poids sur les notes. L’image stéréo est plus large également, et les basses sont mieux tenues. Le plus grand changement chez moi fut apporté incontestablement par les câbles haut-parleur. Ceux-ci, ainsi que le jeu des 4 cavaliers, ont réellement changé la donne. Et si avec les câbles HP mauves, j’avais pu prendre conscience de leur impact sur la justesse des timbres et la grande clarté qu’ils apportaient au signal, les Rouges vont au delà de la simple clarté, ils s’inscrivent dans une sorte de vérité analogique. J’ai de plus en plus la sensation que mon système, exclusivement basé sur l’audio numérique, se rapproche de plus en plus de la douceur des grandes platines vinyles. Tous les instruments dont on pensait qu’ils étaient correctement reproduits gagnent en humanité. Le piano sonne plus vrai, les cordes des violons sont moins acides, les cymbales moins numériques ou artificielles. Et tout ça ne se paie pas au prix d’une baisse de la résolution ou de la dynamique, comme pourrait nous éconduire un câble Cardas du même niveau de prix.
Cela n’est pas non plus éthéré (mais tellement liquide et chatoyant) comme un câble Nordost. C’est simplement plus naturel… Quand on en arrive à ce type de constat, c’est un peu compliqué de mettre en exergue les qualités d’un câble car, bien souvent, ce qui ressort sont plus les déformations que les vraies qualités. Les déformations rendent l’illusion qu’on accède à des vérités qui étaient restées cachées jusqu’à présent. Mais il n’en est rien, elles continuent juste de nous induire en erreur, de nous emmener vers une autre impasse… Les Rouges semblent ainsi être exempts de tout artifice, ils baignent dans un état naturel qui serait préexistant au monde numérique. Bref, les câbles HP rouges Luna m’inspirent, ils me poussent à écrire des choses que je n’aurais jamais pensé écrire à propos de bouts de ficelles… à la limite du politiquement ou scientifiquement correct, une invitation à la divagation pour quelqu’un qui se lâche pourtant rarement…
Les câbles de modulation déclenchent la même envie irrépressible de laisser s’écouler la musique. Les câbles symétriques Rouges sur les deux blocs de puissance SPEC ouvrent le robinet au maximum de son débit : la musique inonde la pièce et la scène sonore remplit tout l’espace disponible bien au delà du cadre des enceintes. Sur l’album live du Orchestrion Project de Pat Metheny, je me suis surpris à percevoir des nuances tonales insoupçonnées jusqu’à lors. Les basses sont impressionnantes de densité et de variété. Les effets des pédales de guitare sont incroyables. Cet album est tout simplement génial ! Je n’aurais pourtant pas pensé prendre un jour cet enregistrement comme référence en matière de diversité tonale… J’ai particulièrement apprécié comment ces câbles gèrent les attaques de notes, avec une grande précision mais sans pour autant que chaque corde pincée, chaque coup de médiator vous saute à la figure. Il n’y a d’ailleurs pas à vrai dire d’effet waouh avec les Rouges mais juste un niveau de précision et de détail qui se fondent dans la masse et qui ne viennent pas rendre la musique presque surnaturelle.
Tout est dans la discrétion mais tout y est néanmoins, là, bien positionné, ordonné et sans oblitérer les autres détails ambiants. Et puis, il y a cette couleur alliée à une grande clarté. qui rend tant de câbles très fades et ternes en comparaison. On utilise souvent dans le langage commun audiophile l’adjectif « coloré » comme un terme péjoratif, pour décrire un maillon d’une chaîne hi-fi qui imposerait sa propre couleur. Mais ici, l’allusion à la couleur est celle d’une palette incroyablement riche et nuancée, permettant de distinguer beaucoup plus de subtilités tonales qu’à l’accoutumé. On distingue ainsi beaucoup mieux les différentes tonalités et personnalités sonores du piano. Ce n’est pas toujours facile de faire la part des choses entre ce que nous offre la prise de son et ce que nous donne à entendre notre système. Les Luna Rouges sont néanmoins là pour vous démontrer qu’il y a déjà énormément à entendre dans un enregistrement, et que la prise de son a souvent bon dos, même si elle n’est clairement pas exempte de toute responsabilité dans le plaisir qu’on peut ressentir à l’écoute de cette musique.
Conclusion :
La ligne rouge ne représente sans doute pas un aussi bon rapport qualité-prix que la ligne mauve. Néanmoins, elle va chercher et magnifier ce qui était déjà très attrayant chez les câbles Mauves. Cela en fait une offre très convaincante, à un point tel qu’on ne se demande pas ce que pourrait bien faire de mieux le sommet de la gamme, la ligne noire… Je me suis en fait totalement rassasié à l’écoute des Rouges, et le démon audiophile de midi (excusez le parallèle) n’est pas venu me titiller, ni durant cet essai, ni après. Les Rouges proposent un écoute directe, jouissive, à l’instar du plaisir de conduite d’une vieille berlinette Ferrari. Les Rouges me comblent pleinement de part leur présentation extrêmement rigoureuse de la musique, leur absence d’artifices, et leur générosité en matière de timbres. Difficile donc de ne pas craquer. Luna Rouge, what else ?
JC
Prix TTC des câbles testés :
Câbles HP : 2 x 3 m = 5.300 €
Câbles modulation RCA : 2 x 2 m = 3.000 €
Câbles modulation XLR : 2 x 2 m = 4.500 €
Website : https://www.lunacables.com/
Distribution : https://www.rhapsodyhifi.com
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