CHoco Sound est une nouvelle marque, et filiale de Kinki Studio. La philosophie de développement de CHoco Sound est axée sur des produits de taille compacte, mais délivrant des performances de premier plan. Cela va dans le sens des exigences du marché actuel : des produits à l’esthétique originale et peu encombrants pour s’intégrer harmonieusement dans des logements de faible superficie…
Le premier produit, baptisé « EMEI », est un amplificateur intégré ultra-compact fonctionnant en classe AB et adoptant un circuit d’amplification à rétroaction directe en courant continu de dernière génération. Il n’y a aucun composant capacitif dans le chemin du signal audio, garantissant ainsi l’absence de coloration trop importante et la reproduction la plus pure du signal audio. Ce n’est pas forcément parce que les codes esthétiques ont changé que les exigences en matière de résultat sonore ont été revues à la baisse.
L’EMEI est donc un produit conçu dans la plus pure tradition audiophile ! L’amplificateur de puissance est équipé d’un transformateur toroïdal de qualité audio de 400 VA, d’un redresseur de courant continu ultra-rapide, ainsi que d’une banque de condensateurs de haute qualité pour le stockage de l’énergie. Un petit transformateur encapsulé de 25 VA est utilisé pour alimenter le panneau de contrôle à l’avant de l’appareil, le transformateur principal étant exclusivement dédié aux étages de puissance et de préamplification.
Le contrôle de volume se fait via un système de relais de résistances Muse. La puissance de sortie est de 138 watts par canal sous 8 ohms, et de 180 watts sous 4 Ohms. C’est une proposition particulièrement généreuse pour ce type de boîtier compact, si on exclut les boîtiers en classe D qui ne sont pas directement comparables.
Les diverses alimentations indépendantes fournissent une alimentation séparée à l’étage de préamplification, ainsi qu’à l’amplification de puissance, au circuit de protection, au circuit de commande et à l’équipement auxiliaire pouvant être alimenté en courant continu par l’EMEI via une connectique dédiée 6 broches (K-link). Ces appareils susceptibles de bénéficier de l’alimentation de l’EMEI ne sont pas encore disponibles au catalogue et devraient donc faire l’objet de futurs lancements dans un horizon pas trop éloigné, complétant la ligne de produits CHoco Sound. Au delà du simple rapport taille – puissance, l’EMEI surprend également par son apparence inhabituelle.
Premièrement, l’appareil qui m’a été livré arbore une robe vert bouteille peu usitée, à l’instar du switch de LHY Audio. C’est en effet une couleur assez rare dans le domaine des électroniques audio.
Et la forme très sculpturale du boîtier en aluminium avec ses angles biseautés surprend tout autant. Est-ce que les designers chinois arriveront à en faire une tendance marquée et partagée par l’Occident ? Rien n’est moins sûr… En attendant, je trouve cette proposition plutôt agréable. Bref, l’EMEI est un joli petit appareil qui ne ressemble à aucun autre. La Chine est donc capable de designs très audacieux et CHoco Sound en est une parfaite illustration.
L’écran d’affichage OLED à cristaux K9 est poli à la main afin d’offrir une meilleure intégration au boîtier. Pour mémoire, le cristal K9 est également connu sous l’appellation de cristal au plomb. Ce matériau est un mélange d’oxyde de plomb et de dioxyde de silicium.
Bien que la télécommande livrée avec l’appareil permette de régler l’intensité lumineuse de l’afficheur, il reste à mon avis un peu trop mat pour offrir une lisibilité optimale, sans doute un petit point à améliorer pour les prochains modèles…
A l’intérieur de l’appareil, le schéma est particulièrement soigné, à l’instar de ce que j’avais déjà constaté précédemment dans le coffret du Kinki EX-M7. Tout est agencé de façon modulaire, ce qui laisse entrevoir de potentielles futures évolutions, s’il prenait l’envie au fabricant d’améliorer un jour le design de son appareil.
L’unique potentiomètre est multi-fonctions : il gère le volume par rotation et la sélection des différentes entrées par pression courte, ainsi que la mise sous / hors tension (pression longue). Le fonctionnement est très minimaliste dans l’esprit mais diablement efficace… Sous le châssis (en dessous du transformateur principal), on trouve une petite aération, sans doute insuffisante pour évacuer toute la chaleur de l’appareil qui peut monter en chauffe assez rapidement en fonction de la charge acoustique qui lui est proposée. Elle a néanmoins le mérite d’exister…
Enfin, sur la façade arrière, on trouve deux entrées RCA, et une XLR. L’entrée XLR est désymétrisée via un AOP.
Point de vue mesures, l’EMEI revendique un rapport signal / bruit de 96 dB et un taux de distorsion THD+N de 0,002 %. La bande passante est donnée pour s’étendre de 5 Hz à 150 kHz (+/- 0,5 dB).
Un petit bémol supplémentaire concernant l’ergonomie de l’appareil : le carénage autour du panneau arrière peut éventuellement s’avérer génant lorsqu’on utilise des câbles haut-parleur avec des terminaisons fourches volumineuses, d’autant plus que l’espacement des borniers + et – est relativement étroit. On privilégiera donc les terminaisons bananes avec l’EMEI, même si j’ai pu utiliser les deux types de terminaisons sans gros souci.
Impressions d’écoute :
ll y a davantage de chocolat dans la sonorité du EMEI que de l’ADN purement helvétique. Mais c’est du très bon chocolat, de qualité suisse, et clairement pas du chocolat de supermarché.
Ce n’est d’ailleurs pas la Suisse qui me vient naturellement à l’esprit quand j’écoute le CHoco Sound EMEI, mais davantage le Royaume Uni. Pour moi, l’esthétique sonore de l’amplificateur intégré CHoco Sound est typée « British ». Cela pourrait être celle d’un très bon appareil Rega, d’un bon intégré Exposure, ou bien encore d’un LFD. C’est là que la mousse au chocolat est la meilleure, incroyablement texturée, aérée, et moelleuse… Ce qui va dépasser les attentes vis-à-vis d’un bon amplificateur britannique est peut-être la taille de l’image stéréo, particulièrement généreuse avec l’amplificateur chinois, et une sorte d’homogénéité quasi indéfinissable. On ressent bien à l’écoute une légère atténuation des aigus, des basses moins autoritaires que celles de son grand frère, le Kinki EX-M7, et une image stéréo un peu moins focalisée et structurée.
En revanche, l’EMEI est un concentré de caractéristiques addictives, au même titre qu’une bonne tablette de chocolat a peu de chances, une fois entamée, de retourner dans le garde-manger. Impossible de résister à la tentation de la dévorer entièrement… Le niveau de détail est à mon avis excellent pour un appareil de sa gamme de prix.
Les symphonies de Beethoven interprétées par Jan Willem de Vriend à la tête du Netherlands Symphony Orchestra sont captivantes tellement les moyennes fréquences sont riches et détaillées. L’EMEI se révèle être un amplificateur particulièrement vivant. Il distille en permanence une impression de live, celle d’être au concert, et pas forcément celle d’être à l’écoute d’une chaîne hi-fi ultra précise. D’ailleurs, on se plaira à lui associer une source digitale plutôt précise, voire analytique puisque toutes les petites duretés chirurgicales seront absorbées efficacement par l’EMEI. Ainsi, l’Audiomat Maestro 4 ou l’Esoteric N- 05 XD représentent d’excellents partenaires pour l’intégré CHoco Sound.
En écoutant un enregistrement de référence de la cinquième symphonie plus ancien (Carlos Kleiber et le Philharmonique de Vienne pour DG), le côté chaleureux de l’EMEI est vraiment plaisant. Rajoutez à cela une image stéréo XXL et vous aurez une idée du niveau de générosité de ce petit appareil. La musique s’écoule naturellement, apportant une satisfaction comparable à celle du concert.
L’amplificateur CHoco Sound est par ailleurs assez sensible à la nature du câble secteur et, en fonction du câble associé, il pourra développer encore davantage d’ampleur de l’image stéréo et accroître son côté enveloppant, tout en donnant l’impression de restituer encore davantage d’énergie.
L’EMEI se révèle aussi bien meilleur sur ses entrées asymétriques que sur celle XLR, qui fait quand même perdre un peu de définition et de précision tonale par rapport aux entrées RCA. Ainsi, le violon de Vilde Frang dans le Concerto n°1 de Bartok (enregistrement Warner Classics) est bien plus lumineux et modulé sur les entrées asymétriques que sur celle symétrique. Les différents plans sonores de l’Orchestre Philharmonique de Radio France se détachent aisément. La bulle sonore engendrée par le combo solid state EMEI – Maestro 4 me laisse quasiment perplexe car on est vraiment proche du rendu d’une électronique à tubes, l’autorité et le contrôle du transistor dans le bas du spectre en plus… Jamais l’instrument de la violoniste norvégienne n’apparaît acide ou trop insistant. Encore une fois, le résultat procuré par le CHoco Sound EMEI est très voisin d’une écoute live.
Sur du piano, l’EMEI se révèle également particulièrement plaisant. Il distille une musique qui coule librement. L’absence de résolution marquée dans les hautes fréquences permet d’obtenir une restitution naturelle et sobre. En même temps, il y a une vraie présence, une forme d’ambiance intime qui s’installe dans votre pièce d’écoute et qui vous renvoie une grande quiétude, presque un apaisement…
Pourtant, comparé à mes amplificateurs monophoniques canadiens et leurs triodes 845 en single-end, il y a clairement moins de réverbération ressentie, moins d’informations d’ambiance. Cela semble assez évident sur l’album de Sandra Chamoux « Images Ephémères » où le piano assez lointain joue énormément avec le local d’enregistrement. En revanche, on ressent bien cette densité et cette beauté des timbres chatoyants, quitte à monter un peu le volume.
Et lorsqu’il s’agit de se tourner vers de vieux enregistrements comme celui du Wynton Kelly trio « Full View » paru chez Milestone, la densité dans le médium de l’amplificateur intégré Choco Sound fait des merveilles. On retrouve une fois de plus le réconfort de la tablette de chocolat, celle au lait et aux noisettes… Si les timbres sont sur cet enregistrement nettement moins beaux que ceux du piano de Sandra Chamoux, l’EMEI possède une réelle faculté à se jouer des vieilles prises de son. En outre, l’articulation de la basse de Ron McClure et le phrasé funky du pianiste Wynton Kelly ressortent avec une grande netteté. Les attaques du piano, qui sonne parfois légèrement désaccordé, sont incisives et subtiles (en ce sens qu’elles laissent entrevoir toutes ces nuances harmoniques voulues ou subies).
Si l’EMEI ne met pas en avant le haut du spectre comme certains autres appareils qui tendent à le faire systématiquement, il n’est pourtant pas pénalisé pour mettre en avant l’ambiance d’un enregistrement et il n’y a aucunement une sorte d’uniformisation qui laisserait penser que cet appareil impose sa signature sonore propre. Bien évidemment, chaque maillon d’une chaîne hifi dispose de certaine caractéristiques sonores intrinsèques et la neutralité des appareils audio est toute relative, même dans le domaine du high-end.
C’est tout-à-fait évident à l’écoute du Concerto pour piano de Barber Opus 38, interprété par la pianiste Xiayin Wang avec le Royal Scottish National Orchestra. On apprécie, avec l’amplificateur intégré chinois, sa capacité à restituer toute la palette tonale du piano et, par ailleurs, cette ambiance spectrale qui donne la sensation d’être dans la salle de concert. Trois disques de piano, et trois atmosphères distinctes… C’est bien la preuve que ce petit amplificateur sait reproduire toute la richesse et les diverses nuances d’une prise de son.
J’ai été impressionné également sur cet enregistrement par le contrôle de l’EMEI lors des passages très chargés de ce concerto : tout reste en place, tout est pleinement maîtrisé, et je n’ai pas ressenti de détimbrage particulier, même à volume réaliste, avec les Vivid G1 Spirit.
J’ai adoré au final ce rendu mat, mais néanmoins très défini de l’EMEI. Il y a vraiment un sentiment de plénitude qui se dégage à l’écoute de cet amplificateur, un côté infiniment attachant qu’il est difficile de décrire avec de simples mots. Les coups des timbales ont un impact impressionnant pour un si petit boîtier. L’amplificateur ne semble jamais vouloir donner de signes de faiblesse. Et puis, l’image stéréo est vraiment large, à un point tel qu’on n’aurait pas forcément une meilleure sensation d’espace au concert, quel que soit le rang où on se trouve. J’ai particulièrement apprécié cette continuité de la scène sonore qui distingue chaque plan de façon assez précise tout en ne donnant pas une impression de plans superposés…
Conclusion :
L’EMEI est une proposition esthétique singulière, tout autant qu’il surprend par sa sonorité qu’on penserait tout droit issue de la fine fleure de la « Brit-Fi ». Le côté minimaliste de l’appareil ne fera sans doute pas l’unanimité, mais il pourra séduire le plus grand nombre par ses prestations sonores de tout premier plan, et qui se situent aux antipodes de ce qu’on attend généralement d’un amplificateur en provenance de Chine. L’appellation « Choco Sound » n’est d’ailleurs vraiment pas usurpée, et l’EMEI promet de longues heures moelleuses et réconfortantes d’écoute, sans provoquer aucune crise de foi…
Pour cela, et au regard de son prix contenu, il mérite notre meilleure recommandation.
JC
Prix : 1.694 $.
Site fabricant : https://www.kinki-studio.com
Site distributeur : https://www.connecticamusica.audio