Telos Audio Design est une société taïwanaise fondée en 2006 par Jeff Lin, et spécialisée dans les dispositifs de réduction du bruit provenant des interférences électriques et plus communément des problèmes de mise à la terre des électroniques.
Si l’installation de mise à la terre est là pour garantir la sécurité, et notamment la prévention des risques d’électrocution, la protection contre la foudre, en audio elle a aussi généralement pour effet pervers d’impacter le bruit de fond, et de dégrader la qualité sonore. Il est en effet compliqué d’obtenir une installation de mise à la terre satisfaisante, et encore moins une qui répond aux exigences d’une utilisation audio performante. Parfois rien que les conditions de sécurité minimales ne sont pas complètement respectées (fil de terre non connecté, fil neutre et fil de terre connectés ensemble, etc…). Le bruit des appareils ménagers, des ordinateurs, se propage alors dans l’ensemble du réseau électrique et vient contaminer le fil neutre, provoquant ainsi des interférences avec vos autres appareils.
Ces petits bruits, qui peuvent parfois s’amplifier brusquement, pourrissent généralement la vie des audiophiles toujours à la recherche du bruit de fond le plus faible possible. C’est là qu’intervient la société Telos Audio Design qui propose à ses clients des solutions actives, considérant que les boîtiers de mise à la terre passifs ne sont pas en mesure de fournir une tension de référence proche de la terre, et donc ne peuvent qu’atténuer partiellement ces interférences.
Je ne suis personnellement pas exempt de ce type de problèmes qui peuvent se présenter de temps en temps, au rythme des appareils à tester venant parfois semer la zizanie dans mon système. Les problèmes de bruit et de pollution du secteur sont néanmoins limités chez moi puisque j’ai la chance de disposer d’une installation électrique dédiée pour la partie audio et séparée du reste des autres sources de contamination. L’intérêt de ce test m’a ainsi semblé de constater à quel point ces appareils pouvaient s’avérer utiles dans un environnement déjà soigné et circonscrit à un nombre d’éléments limités. Cela permet de contourner le concept sarcastique du pansement posé sur une jambe de bois, tout en s’autorisant par ailleurs à le tester dans des contextes moins favorables, histoire de voir jusqu’où il vient cacher la misère électrique !
L’occasion de tester dans le même numéro des enceintes sans fil a été une opportunité intéressante dans le sens où j’ai pu mettre en œuvre la plus grande partie du dispositif prêté par Telos Audio Design dans le cadre de ce banc d’essai, sans avoir à choisir quels maillons traiter en particulier et en me positionnant en amont d’un circuit fermé uniquement relié au courant. Telos Audio Design m’a en effet confié plusieurs appareils à cet effet : la dernière version (V5.1) du Ground Noise Reducer (GNR) mini, ainsi que deux unités Macro G (une pour traiter l’USB et l’autre pour l’Ethernet), et un résonateur Macro N. Ces produits représentent les nouveautés du fabricant taïwanais, et je ne suis pas allé jusqu’à tester des produits plus ésotériques et auxquels je ne crois pas comme fusibles ou les stickers quantiques. L’adjectif « quantique » est un peu employé à toutes les sauces chez certains fabricants d’accessoires aujourd’hui.
Je ne sais pas si cela est vraiment positif d’un point de vue strictement commercial. Et peut-être qu’un peu plus de simplicité et de transparence dans la communication permettrait d’éviter de donner du grain à moudre à tous les détracteurs de ce type d’accessoires… Mais pour que ce soit bien clair, et que les esprits chagrins arrêtent de se gargariser en tournant en ridicule des concepts qu’ils ne maîtrisent d’ailleurs pas la plupart du temps, mon objectif a été ici unique : celui de constater à partir d’écoutes attentives, et dans un environnement pas trop pollué, quel apport ces produits avaient dans une chaîne hi-fi haut de gamme, sans essayer de polémiquer.
Le boîtier de mise à la terre active GNR Mini simule en fait via son processeur une tension de référence très précise et identique à celle d’une terre physique. La mise à la terre est réalisée en connectant l’appareil audio à l’une des deux bornes WBT-0703 nextgen™ de liaison du TELOS GNR, qui véhiculent la tension de référence de la mise à la terre. Ainsi, le GNR Mini génère une tension de faible distorsion, donnant à chaque équipement relié un point de référence cohérent.
Bien que le nombre de sorties soit limité à deux, il est néanmoins possible de connecter différents appareils à la même borne de sortie. Le principe de fonctionnement est relativement simple : lorsque la configuration audio fonctionne sur un potentiel de masse singulier, la transmission du signal devient moins entravée, évitant toute perte de transmission due à une inadéquation de polarité. Le boîtier de mise à la terre active TELOS GNR Mini est livré avec deux câbles de mise à la terre identiques et compatibles avec les borniers du boîtier.
Il est préférable en effet que chaque équipement ait les mêmes caractéristiques d’impédance de mise à la terre sur l’intégralité de la liaison afin de garantir le meilleur mode de fonctionnement. Je trouve dommage d’ailleurs qu’il n’y ait pas davantage de câbles de liaison fournis avec le GNR Mini que les deux livrés en standard. Dans le catalogue du fabricant, il est possible toutefois de commander le nombre de câbles souhaités, moyennant une augmentation du budget, ainsi que le type de terminaisons désirées.
L’appareil embarque par ailleurs un résonateur de Schumann permettant de générer une fréquence de 7,83 Hz. Pour cette nouvelle version de ses boîtiers de mise à la terre active, Telos à travaillé dans une certaine façon à l’ancienne en sélectionnant ses composants avec une extrême minutie. Comme le faisait FM Acoustics en son temps, des employés sont dédiés au tri des composants qui sont validés un par un méthodiquement avec parfois un taux de sélection drastique de 1 sur 16… Cela a un impact assez lourd sur les coûts de fabrication et il est assez clair que cette politique très exclusive écartera un grand nombre de potentiels utilisateurs pour des raisons de prix de revient… il m’est impossible de déterminer si ce tri sélectif des composants a une incidence réelle sur l’écoute mais elle justifie le positionnement tarifaire de cette gamme d’appareils selon le constructeur. En effet, le GNR Mini affiche un prix public TTC d’environ 2.000 €, et la version à 6 ports (avec filtrage spécifique) coûte la bagatelle de 7.000 €. Il est vrai que tous ces accessoires ont tendance à coûter très cher, et ce n’est guère mieux chez certains autres concurrents… Pourtant, rien de comparable ici à la sophistication de conception d’un DAC ou d’un préamplificateur vendu souvent bien moins cher.
Impact constaté :
J’ai pu relier au maximum trois unités au GNR Mini : le lecteur réseau Lumin X1, son alimentation externe et le switch AQVOX SE dans une première configuration, le lecteur Esoteric N-05XD, l’horloge Cybershaft OP21A-D et l’amplificateur Kinki Studio EX-M7 dans un second cas de figure, et avec le lecteur HiFi Rose dans une dernière configuration plus minimaliste. Dans la première mise en situation, le GNR Mini m’a permis de distinguer un effet nettement audible. Il amène plus de clarté, de variété tonale à la musique que lorsqu’il est déconnecté des différents éléments. Sur l’enregistrement de Denis Matsuev avec le Mariinsky interprétant le « Capriccio » de Stravinsky, l’orchestre paraît moins sombre, moins monolithique, et on perçoit davantage la réverbération du lieu d’enregistrement si on utilise le GNR Mini. Sur le second concerto pour piano de Shchedrin, j’ai constaté également un apport assez franc en termes de dynamique et de diversité de timbres.
Il est assez compliqué de décrire avec beaucoup d’exactitude ce que l’on ressent précisément, mais l’écoute semble définitivement plus agréable avec le GNR Mini. En écoutant l’album The Paco de Lucía Project, les guitares renvoient davantage d’air, on les sent vraiment vibrer alors qu’elles paraissent plus éteintes lorsqu’on débranche le GNR Mini. La scène sonore paraît également beaucoup plus ample. Les harmoniques des guitares sont bien plus présentes, la dynamique est plus explosive. Là encore, les différences sont nettes et la dimension plaisir avec le GNR Mini est évidente.
La seconde mise en situation consiste à sortir d’un système très intégré (enceintes connectées KAD K7 Evo + lecteur Primare wireless) à un système utilisant les enceintes passives Vivid Audio G1 Spirit, l’amplificateur de puissance Kinki Studio EX-M7, et mon lecteur Esoteric N-05XD relié à son Horloge Cybershaft OP21A-D. C’est à peu près le même constat qu’avec le premier système. La différence est peut être un peu moins flagrante cette fois-ci, mais les ressentis restent dans l’ensemble identiques : plus de dynamique et de réverbération avec le GNR Mini que sans. J’ai noté l’intérêt de séparer la liaison amplificateur et celle du lecteur réseau, le GNR Mini étant moins efficace avec les deux appareils reliés au même bornier. Sur le Capriccio de Stravinsky, le GNR Mini amène davantage de profondeur de champ sur l’image 3D. On constate également un très léger mieux en termes de douceur, avec des aigus moins acides et mieux timbrés, même si ce constat est moins flagrant qu’avec le premier environnement de test.
J’ai réalisé un test ABX pour essayer de situer l’impact réel sur l’écoute et j’avoue que le test s’est avéré négatif. L’impact du GNR Mini dans cette deuxième configuration me semble donc minime, pas suffisamment probant en tous cas pour être catégorique…
Dernier environnement de test, le petit lecteur HiFi-Rose auquel j’ai relié le GNR Mini en dehors de mon installation électrique dédiée à l’audio. Les bienfaits du réducteur de bruit Telos se font sentir via une meilleure restitution des petits signaux d’ambiance, notamment sur le live acoustique du guitariste chanteur Nils Lofgren.
J’ai perçu également une amélioration de la sensation de présence sur les voix, plus réalistes et plus douces. C’est un peu comme si on avait glissé une petite triode sur l’étage de sortie du tout-en-un sud-coréen. La voix de Sarah Fairfield semble plus proche et en même temps moins projetée sur son album live avec le pianiste Marcus Olgers. Je ne me suis pas risqué à procéder à un autre test ABX, car je pense qu’il n’aurait pas été beaucoup plus concluant que le précédent.
De ces trois mises en situation, j’en retiens que l’impact peut s’avérer intéressant comme peu évident. Difficile pour moi de définir dans quelle mesure l’effet du GNR Mini peut se révéler convaincant et je pense qu’il faut vraiment tester chez soi pour s’en faire une idée concrète. Au regard du prix, il faudra de toute façon envisager l’achat de ce type d’appareil comme la cerise sur le gâteau, après avoir superposé tous les étages de la pièce montée. Le simple changement d’un câble de modulation ou de câble HP a des chances d’apporter bien plus de bouleversements.
Passons à présent au conditionneur secteur Macro N. Là encore, je suis parti du principe que toute considération scientifique ou technique ne devait pas entrer en ligne de compte dans mon jugement mais uniquement considérer ce que j’ai pu constater à l’écoute. Le Telos Macro N est supposé détecter les interférences secteur et le bruit induit par votre équipement audio vidéo et le compenser via son circuit interne. C’est pour moi un mystère qu’un tel appareil aussi ridiculement petit et connecté exclusivement au secteur puisse avoir un effet sur le son.
Je comprends en quoi consiste l’effet procuré par le résonateur de Schumann embarqué dans ce boîtier, mais clairement pas le reste du dispositif. Pourtant, contre toute attente, ce bidule a un effet assez indéniable, et réellement positif. Un fois branché, on a l’impression que le son est moins dur, qu’il y a davantage de réverbération, et de richesse harmonique, voire de fluidité dans la musique. J’ai en fait horreur de tester ce type d’appareil car je suis écartelé entre l’absence de rationalité et ce que je distingue à l’écoute.
Où se situe donc l’intégrité intellectuelle ? Affirmer que cet appareil apporte une réelle plus-value à l’écoute ou bien refuser de prendre en compte ce qu’on entend en mettant ça sur le dos de la psycho-acoustique ? Je pars du principe qu ‘il ne m’appartient pas de démontrer l’impossibilité technique d’un appareil à produire ce qu’il prétend délivrer. Les lecteurs d’Audiophile-Magazine me lisent pour connaître mes impressions d’écoute, et pas grand chose d’autre finalement. Restons donc sur l’écoute, et le Telos Macro N a eu dans toutes les configurations où j’ai pu l’utiliser le même effet facilement repérable sur l’écoute. Au prix où il est commercialisé dans nos contrées (un peu moins de 900 € TTC), ce petit boîtier n’est clairement pas donné et bien plus onéreux qu’un résonateur de Schumann ou un conditionneur classique. Il n’a d’ailleurs pas tout à fait les mêmes effets selon la prise secteur où il est branché (chose que j’ai du mal à comprendre également), et il me semble avoir un effet plus important branché sur une prise murale que sur une multiprise.
A l’écoute de la Rhapsodie de Rachmaninov sur une thème de Paganini, jouée par Lang Lang et le Mariinsky de Gergiev (enregistrement DG), l’insertion du Macro N apporte une clarté supplémentaire, davantage de dynamique et une scène sonore qui gagne nettement en profondeur. Tout ça pour ce petit accessoire à brancher sur le secteur… J’ai encore du mal à y croire, et le test ABX que ma fille m’a permis de réaliser une fois de plus a été couronné de succès cette fois-ci. Le Macro N est d’ailleurs conseillé pour s’insérer dans des systèmes numériques, et j’ai été bluffé par son effet. Rien à dire de plus votre Honneur pour ma défense…
Concernant les deux modules Macro G, ils se sont avérés chez moi moins efficaces que le Macro N. Comme annoncé précédemment, je n’ai pas eu le loisir de tester le dispositif USB sur beaucoup de configurations. Branché sur le port USB de mon NAS Synology, il n’a pas donné de grands résultats, sauf à abaisser le niveaux des aigus, ce qui s’est traduit par une petite perte de résolution. Il faut dire que mon installation est déjà bien rodée et que le NAS est alimenté par une alimentation linéaire externe de grade audiophile et non par son alimentation à découpage. Je l’ai testé également sur le port du lecteur Primare SC15 et les résultats se sont avérés plus probants (il faut faire attention au sens de branchement du secteur néanmoins).
Le module Ethernet m’a semblé dans mon système être un peu plus efficace. Il apporte une amélioration de la dynamique ainsi qu’un léger élargissement de la scène sonore, peut être aussi un peu plus de poids sur chaque note. L’effet m’a en tout cas paru plaisant, et pourtant je ne peux pas dire que mon installation réseau Ethernet soit quelconque : mon routeur bénéficie d’une alimentation linéaire à très faible bruit, et ma cascade de trois switchs audiophiles est le meilleur système que j’ai pu expérimenter à ce jour. Même le dernier switch Bonn NX, pourtant bien conçu, n’a pas réussi à le détrôner.
Histoire d’être exhaustif, j’ai également testé l’impact du Macro G Ethernet de Telos sur le dernier switch en test que j’ai reçu, le SW-10 de LHY Audio. Mes impressions ont été globalement les mêmes : davantage de dynamique, une scène sonore plus large et une plus grande saturation des timbres. Cela m’autorise à penser que cet accessoire se comporte globalement de façon identique sans que l’installation réseau en influence sa performance. J’ai peut-être la sensation que le Macro G va légèrement plus loin avec le switch LHY Audio qu’avec ma triplette Aqvox SE + Bonn N16.
Conclusion :
Toujours extrêmement difficile de se prononcer sur des accessoires relativement onéreux, surtout lorsqu’on les propulse dans les mystères de la physique quantique… Il faut donc faire un effort pour passer outre ses préjugés et se borner à les tester méthodiquement comme on l’aurait fait avec n’importe quel autre matériel, voire même avec davantage de rigueur.
Je dois bien reconnaître que l’utilisation du GNR Mini s’est avérée chez moi d’un intérêt assez limité, la qualité de mon installation électrique devant sans doute déjà assurer une bonne partie des gains attendus d’un tel dispositif. En revanche, les boitiers Macro G Ethernet et Macro N ont vraiment apporté une amélioration assez nette de certains paramètres, et notamment la qualité de l’image stéréo ainsi que la dynamique globale du système. Ces équipements restent particulièrement onéreux au regard de leurs coûts présumés de fabrication, et les améliorations qu’ils offrent ont donc un coût certain. Néanmoins, dans un système déjà abouti, et d’un certain standing, ils permettent d’aller chercher un peu plus de vérité encore dans notre quête de la reproduction sonore parfaite. Une cerise de plus sur le gâteau ?
JC
Prix TTC indicatifs :
GNR Mini V5.1. 2.190 € TTC
Macro G Ethernet 1.190 € TTC
Macro G USB 1.190 € TTC
Macro N 1.190 € TTC
Fabricant : Telos Audio Design
Distribution : Your System Is Fantastic
Sites web : https://telos-audio.com.tw http://yoursystemisfantastic.com
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