L’œuvre de Richter « Vivaldi Recomposed » fait partie de la catégorie des relectures.
Il s’agit d’un travail de réécriture de l’œuvre à partir de la partition revisitée dans le style post-minimaliste.
Cette œuvre a été enregistrée pour la première fois en 2012 par le Konzerthaus Kammerorchester de Berlin et Daniel Hope sous la direction de André de Ridder.
Le même violoniste (Daniel Hope) la jouera la même année au Barbican Hall de Londres en compagnie du Britten Sinfonia.
Pour Max Richter, cette œuvre avait atteint un point de saturation : elle était entendue partout, dans les téléphones portables, dans les ascenseurs, à la radio, dans les annonces publicitaires à la télévision. Cette omniprésence lui avait fait perdre finalement toute son énergie viscérale originelle vis-à-vis du public contemporain.
La volonté de Richter a donc été de reconfigurer l’écoute de ce chef-d’œuvre, tout en conservant son essence, à savoir le travail sur un motif générateur afin de créer l’architecture musicale, l’emploi des répétitions et la polyphonie sur une base harmonique stable.
Cela n’en constitue pas moins une approche radicale puisque Richter
S’oriente principalement vers une dimension contemplative, supprimant 75% du contenu original, et n’en conservant que ce qui est strictement nécessaire à son identification.
Ce nouvel enregistrement par la formation lituanienne du Klaipéda Chamber Orchestra, dirigée par Mindaugas Backus, fait partie d’un diptyque puisque les mêmes musiciens ont enregistré simultanément la partition originale de Vivaldi et celle de Max Richter.
Je pense d’ailleurs que c’est particulièrement recommandable que de savoir exactement d’où on part pour comprendre quel cheminement de pensée a pu emprunter Max Richter dans sa nouvelle version.
Il se différencie également par le fait de ne pas intégrer de passages électroniques à l’instar du mouvement introductif « Spring 0 » qui n’est pas joué ici, ou des mouvements Shadow qui ne figurent non plus pas dans cette réalisation.
Il s’agit bien d’une forme d’entre deux où les bandes sons, les chants d’oiseaux, sont remplacés par des aplats sonores et des arrières-plans orchestraux.
Il reste donc ce côté contemplatif, sans pour autant donner dans cet univers très austère et électronique qui rend l’hiver si différent entre la version enregistrée chez Deutsche Grammophon et celle d’Indésens Calliope.
Le quatuor de violonistes formé par Justina Zajancauskaite, Ruta Lipinaityte, Egle Valute et Julija Andersson sert avec la même enthousiasme que celui dont il fait preuve dans la version de Vivaldi, apportant davantage de couleurs que la version de Richter originale, avec un peu plus de vibrato et d’ornements.
Cette dimension plus analogique permet peut-être d’établir une passerelle plus évidente avec l’œuvre de Vivaldi. En ce sens, j’ai trouvé l’idée particulièrement intéressante.
La qualité de la prise de son permet par ailleurs de restituer cette ambiance si particulière de l’œuvre de Richter, avec un peu de peps supplémentaire, ce qui est plutôt réussi. Comprenez que je reviendrai ainsi plus volontiers à cette proposition du chef Mindaugas Backus, qu’à l’original de 2014…
- Titre : Max Richter – The New Four Seasons – Vivaldi recomposed.
- Artistes : Justina Zajancauskaite, Ruta Lipinaityte, Egle Valute, Julija Andersson (violons), Klaipéda Chamber Orchestra, Mindaugas Backus (direction).
- Format: PCM 16 bit, 44,1 kHz.
- Ingénieur du son: Arunas Zujus.
- Editeur/Label: Indésens Calliope.
- Année: 2024.
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Format CD uniquement.
