Cet album regroupe des compositions pour violoncelle et piano de six différents compositeurs et compositrices ayant pour point commun leurs racines francophones (ou du moins leur intérêt pour la musique française).
Le programme débute ainsi avec le Genevois Ernest Bloch, pas forcément le plus francophone de la bande, puisqu’il émigra rapidement aux États Unis avant d’y être naturalisé.
Il fut néanmoins influencé par la musique française dans la conduite de son œuvre.
Mais c’est avant tout la musique juive traditionnelle qui vient nous charmer ici avec une touche d’élégance à la française qui donne une perspective particulière à cette œuvre intitulée « From Jewish Life ».
Sans doute l’emploi du violoncelle, au lieu du violon traditionnel, dans cette musique amène également ce côté plus chaleureux, moins lancinant, qui permet de magnifier la beauté de cette musique.
Cela permet aussi de passer de façon très naturelle aux Trois Mélodies opus 23 de Gabriel Fauré, alors que le style est pourtant bien distinct.
Même enchaînement très naturel, puisque nous restons chez le même compositeur, avec le Poème d’un jour opus 21, suivi de la Berceuse opus 16.
Le violoncelle d’Isabel Gehweiler remplace avantageusement le violon ou la voix.
C’est aussi le cas dans la Sonate en la majeur de César Franck.
La tonalité plus grave de l’instrument apporte davantage d’humanité et immédiatement dans l’allegro, le piano et le violon fusionnent à la perfection.
On ressent la nécessaire adaptation de la partition pour le violoncelle, et on n’atteindra pas ici le même niveau de virtuosité que les meilleurs enregistrements au violon.
C’est la même harmonie pourtant qui se dégage dans le recitativo : il y a une forme de gravité qui s’instaure, une dramaturgie qui flotte dans l’air.
Puis on retrouve une atmosphère très chantante dans l’Allegretto poco mosso,
J’ai apprécié cette complicité, cette parfaite fusion des deux instruments. Quelle vaillance et quelle intensité se dégagent du jeu de Fiona Hengartner et d’Isabel Gehweiler dans ce dernier mouvement !
C’est un climat totalement apaisé qu’on retrouve avec la « Berceuse » de Germaine Tailleferre, qui sert ici davantage d’interlude, ou de césure pour la Sicilienne de Gabriel Fauré.
On apprécie la retenue des deux interprètes qui évitent toutes deux l’écueil des excès de pathos et sur-interprétation.
L’œuvre garde ici son caractère expressif et léger. Un excellent point ! C’est d’ailleurs avec la même élégance que les deux musiciennes enchaînent avec la Pièce Romantique opus 9 de Cécile Cheminade, interprétation tout aussi convaincante.
Cet enregistrement s’achève avec Märchen de Paul Juon, petit bijou d’émotion et de romantisme.
La encore, le duo piano – violoncelle fusionne admirablement et nous enchante à nouveau. Le niveau de jeu de mesdames Gehweiler et Hengartner est tout à fait remarquable.
Cet album constitue donc une jolie découverte en ce qui me concerne, et une énième version de la sonate en la majeur de César Franck pour venir compléter ma discographie de l’oeuvre, tout en y apportant une tonalité intéressante !
- Titre: Notre amour.
- Artistes : Fiona Hengartner (piano), Isabel Gehweiler (violoncelle).
- Format: PCM 24 bit / 96 kHz.
- Ingénieur du son: Max Molling.
- Editeur/Label: Solo Musica.
- Année: 2023
- Genre: Classique.
- Intérêt du format HD (Exceptionnel, Réel, Discutable): Réel.